L’interview récente du PDG de TEPCo a retenu l’attention pour ses propos sur le rejet en mer de l’eau contaminée. Pourtant, le reste mérite que l’on s’y arrête aussi.
D’après la dépêche de l’AP, il a expliqué que TEPCo doit renouer avec les profits pour payer les conséquences de la catastrophe, ce qui est une évidence. Mais, pour cela, il espère redémarrer rapidement la centrale de Kashiwazaki-Kariwa. Il n’exclut même pas redémarrer celle de Fukushima daï-ni qui a été fortement secouée par le séisme de mars 2011 et noyée par le tsunami. Cela devient peu sérieux, tant les réacteurs doivent être endommagés. De toutes façons, les autorités régionales de Fukushima y sont opposées.
Même pour Kashiwazaki-Kariwa, ce n’est pas si simple, car la compagnie doit encore améliorer sa culture de sûreté. Récemment, selon le Maïnichi, le président de l’Autorité de Régulation Nucléaire a déclaré que TEPCo, à l’origine d’une catastrophe nucléaire, n’était pas une compagnie comme les autres. Et d’ajouter qu’il avait un sentiment de danger à cause du manque d’initiative de TEPCo sur le site de sa centrale accidentée. Et un exploitant qui manque de volonté ne peut pas être autorisé à redémarrer ses réacteurs nucléaires.
Ainsi, sans argent, pas de démantèlement, pas de redémarrage et donc pas d’argent… Dans un rapport récent, Greenpeace a aussi dénoncé le modèle économique de TEPCo qui n’est pas crédible. Mais il n’y a pas que cela : il demeure un manque de culture de sûreté chez TEPCo. Rappelons que la compagnie s’était trompée dans la résistance sismique d’un bâtiment clé pour la sûreté à sa centrale de Kashiwazaki-Kariwa.
Ce 16 juillet 2017 marque le dixième anniversaire du séisme de Niigata qui avait entraîné 15 décès et 2 300 blessés. 7 000 habitations avaient été endommagées et la centrale de Kashiwazaki-Kariwa avait aussi arrêtée. Comme nous l’avions expliqué à l’époque, le séisme était plus fort que ce qui avait envisagé par TEPCo et la centrale n’avait résisté que grâce aux marges de sûreté. La gestion des conséquences du séisme avait été déplorable et la compagnie n’a pas su en tirer les leçons. Puis la catastrophe nucléaire a eu lieu à Fukushima. Les leçons ont-elles été tirées maintenant ?