Il y a dix ans : l’évacuation tragique de la clinique de Futaba

L’évacuation de la clinique de Futaba, située dans la commune d’Ôkuma à 4,5 km de la centrale de Fukushima daï-ichi, a eu lieu entre les 12 et 15 mars 2011. Avec 50 décès directs, c’est sans doute l’épisode le plus tragique de la fuite des populations devant les rejets radioactifs en cours à la centrale nucléaire accidentée. Alors que, 10 ans plus tard, un hebdomadaire français, qui prétend “informer”, titre sans vergogne “Zéro mort, aucun cancer : le vrai bilan de l’accident nucléaire de Fukushima”, il est important de revenir sur cet épisode.

Cette évacuation tragique a été analysée par la commission d’enquête mise en place par le gouvernement de façon très détaillée et par celle mise en place par le parlement. Les rapports sont disponibles en anglais.

L’ordre d’évacuer la zone située dans un rayon de 10 km de la centrale de Fukushima daï-ichi a eu lieu le 12 mars 2011 à 5h44 le matin. 5 bus ont venus chercher les patients et le personnel de la clinique vers midi. 209 patients pouvant marcher et une grande partie du personnel, sont montés à bord. Environ 130 patients et 98 résidents de l’EHPAD “Deauville Futaba”, affilié à la clinique, sont restés avec le directeur de l’établissement et quelques membres du personnel médical. Il n’y avait plus d’eau ni électricité.

Il fallait contourner la zone d’évacuation de 20 km pour rejoindre Iwaki, au Sud. Là encore, l’évacuation a dû être suspendue car la situation à la centrale devenait inquiétante. Les derniers patients ont été transportés le 15 mars par l’armée. Les débits de dose sur place étaient très élevés et l’évacuation a dû être suspendue pendant un temps car les infirmières risquaient de dépasser leur limite de dose fixée à 5 mSv. Le directeur de l’établissement, quant à lui, est resté sur place jusqu’au bout.

Voir aussi le documentaire en anglais de la télévision publique japonaise diffusé le 12 septembre 2013 :

La prise en charge des personnes vulnérables est la partie la plus complexe de la mise à l’abri et des évacuations après un accident nucléaire grave. En France, dix ans plus tard, quelles mesures ont été prises à ce sujet ? A la clinique de Futaba, l’évacuation n’avait jamais été envisagée.