Rayonnements ionisants et cancers

Une leucémie peut avoir plusieurs origines et il ne sera jamais possible de dire si la leucémie du travailleur de Fukushima est due à la radioactivité ou pas. En revanche, on peut pas exclure que l’exposition aux rayonnements ionisants en soit bien la cause. Il a accepté de prendre des risques en allant travailler à Fukushima daï-ichi. Il est donc normal que cette maladie soit reconnue comme d’origine professionnelle et que le travailleur ait droit à prise en charge complète et un soutien financier.

Dans une interview au quotidien Asahi, il déclare qu’il espère que son cas aider d’autres travailleurs qui souffrent du cancer à recevoir un indemnisation. Il dit être allé à Fukushima pour contribuer au rétablissement des communautés affectées et n’avoir aucun regret.

Dans ce même article, un représentant du ministère de la santé explique que la limite de 5 mSv en un an fixée pour reconnaître une leucémie comme d’origine professionnelle correspond à la limite pour le public à l’époque. Depuis, elle a été abaissée à 1 mSv/an sans que les autorités japonaises ne modifie la règle pour les travailleurs. Dans un tel contexte, il est ensuite difficile d’expliquer aux habitants de Fukushima que la limite d’évacuation est de 20 mSv/an.

S’il n’est pas possible de conclure pour un cas individuel, il est, en revanche, possible de faire des études statistiques sur un grand nombre de travailleurs. Nous avions signalé, en juin dernier, qu’une étude épidémiologique avait confirmé que la faibles doses pouvaient entraîner une augmentation du nombre de cas de leucémie. Cette étude ne s’intéresse qu’aux décès par leucémie. Or, de nos jours, on soigne la majorité d’entre elles. De nombreux cas échappent donc à ces statistiques. Il faudrait donc étudier la morbidité, mais il n’y a pas toujours de registres avec les données.

La deuxième partie de cette étude vient de paraître et l’article est en libre accès. Elle concerne le risque de décès par cancer autre que leucémie et confirme la relation entre exposition aux rayonnements ionisants et cancers observée chez les survivant de Hiroshima et Nagasaki. Ces derniers ont subit une forte exposition, mais brève, alors que les travailleurs du nucléaire ont reçu des faibles doses tout au long de leur vie. Il n’y a pas de différence entre les pays étudiés. Les fortes doses ne sont donc pas plus dangereuses que les faibles doses cumulées, pour une même exposition totale.