La Cour des comptes japonaise se penche sur le coût de la catastrophe nucléaire

Le gouvernement a emprunté 9 000 milliards de yens pour prêter à TEPCo de l’argent pour indemniser les victimes (presque 70 milliards d’euros). A la fin de l’an dernier, la moitié de cette somme avait déjà été versée (4 534 milliards de yens). Le gouvernement espère être remboursé par TEPCo et les autres compagnies d’électricité. Il est, de plus, devenu actionnaire majoritaire et espère pouvoir gagner 2 500 milliards de yens (20 milliards d’euros) en revendant ses parts quand les actions auront augmenté. Ce ne sera possible que si l’action double.

Si TEPCo rembourse en plus de l’ordre de 50 milliards de yens par an, comme en 2014, le gouvernement pourrait récupérer ses fonds dans 30 ans, en 2044, selon la Cour des comptes japonaise (Board of Audit). Dans l’option la plus favorable, le remboursement pourrait être possible en 21 ans.

TEPCo ne paye pas d’intérêt, mais le gouvernement, si. Cela pourrait coûter de l’ordre de 126,4 milliards de yens (un milliard d’euros) aux contribuables. La Cour des comptes demande donc au gouvernement de faire plus d’efforts pour récupérer sa mise.

A la fin janvier, TEPCo estimait les indemnisations à environ 5 620 milliards de yens (43 milliards d’euros). Le démantèlement des réacteurs 1 à 4 de la centrale de Fukushima daï-ichi et le traitement de l’eau contaminée devraient lui coûter 1 000 milliards de yens (7,6 milliards d’euros). A la fin de l’année fiscale 2013, qui est en mars 2014, la compagnie avait déjà déboursé 400 milliards de yens. A la fin mars 2015, le gouvernement a déjà engagé 189,2 milliards de yens (1,6 milliards d’euros) en R&D sur le démantèlement et la gestion de l’eau.

La mise en place du seul mur gelé coûte 40,7 milliards de yens dont 31,9 milliards payés par le gouvernement.

Le ministère de l’environnement estime que la décontamination et le stockage des déchets lui coûteront 17,5 milliards d’euros. Ces estimations ne prennent pas en compte les zones les plus contaminées pour lesquelles il n’y a pas de décision de prise, ni le futur site de stockage définitif des déchets issus de la décontamination à Fukushima.

La Cour des comptes recommande à TEPCo d’engager un retour d’expérience sur ses échecs en matière de gestion de l’eau contaminée et de réclamer une contribution financière aux sous-traitants. Ces échecs coûtent cher : il y en aurait pour 68,6 milliards de yens en tout (525 millions d’euros). C’est plus du tiers que ce que payeront les contribuables. Elle cite, notamment,

  • la station de traitement Areva qui n’a fonctionné que 3 mois et n’a traité que 77 000 m3 d’eau contaminée  pour un coût de l’ordre de 32 milliards de yens (250 millions d’euros) ;
  • les unités de désalinisation de l’eau de mer utilisée pour le refroidissement fournies par Hitachi GE Nuclear Energy, Toshiba Corp. et Areva pour un coût total de 14,8 milliards de yens (113 millions d’euros). Une machine n’a marché que 5 jours. Celle qui a servi le plus longtemps, 6 semaines ;
  • les cuves souterraines qui ont fui tout de suite : 2,1 milliards de yens (16 millions d’euros) ;
  • les premières cuves non soudées, qui ont fui rapidement, ont dû être remplacées, bien qu’elles avaient coûté de l’ordre de 16 milliards de yens (122 millions d’euros).
  • ou la tentative infructueuse de gel de la galerie souterraine pour 100 millions de yens (760 000 euros).

Lien vers les rapports de la Cour des comptes.