L’idée date de 2013, quand les fuites en mer d’eau radioactive via les nappes phréatiques ont fait scandale : les autorités ont suggéré de geler les sous-sols tout autour des réacteurs accidentés pour limiter les échanges d’eau radioactive. Le projet a été complexe à mettre en œuvre, en particulier en aval, où il y a de nombreuses galeries souterraines. TEPCo a fini par abandonner l’idée de geler ces galeries et les a cimentées.
Kajima, sous-traitant de TEPCo, a fini d’installer les tuyaux où circulera le liquide réfrigérant en février dernier, avec une an de retard, mais le jour de l’annonce triomphale de la fin des travaux, l’Autorité de Régulation Nucléaire (NRA) gèle le projet en demandant à TEPCo des garanties. Ces demandes ne sont pas nouvelles : le président de la NRA expliquait en 2015 que TEPCo répand l’illusion étrange que le problème de l’eau contaminée sera résolu si le mur gelé sous-terrain est construit. Et comme il faudrait deux mois pour dégeler le sol, il vaut mieux être prudent.
Après des échanges techniques avec la NRA, TEPCo a décidé de commencer par l’aval. La NRA vient de donner son accord en demandant une surveillance renforcée car il s’agit d’une mesure expérimentale. Le gel pourrait commencer dès le 31 mars, dernier jour de l’année fiscale…
Rappelons qu’il y a 1 568 trous jusqu’à une profondeur de 30 m avec une tuyauterie pour le liquide réfrigérant à -30°c. Le pourtour des réacteurs fait 1,5 km.
Le gel de la partie aval et de la moitié de la partie amont devrait prendre 6 semaines environ. Puis, TEPCo devrait geler petit à petit la partie amont jusqu’à 95%. La compagnie estime que les échanges d’eau souterraine seront réduits de moitié. TEPCo va laisser 7 passages pendant un certain temps. Pour passer à un gel complet, il lui faudra obtenir l’accord de la NRA.
Si tout va bien cette première étape devrait prendre 8 mois. Le but est de réduire les infiltrations d’eau souterraine dans les sous-sols des réacteurs et donc de limiter l’accumulation d’eau contaminée dans des cuves. Le stock est déjà de 800 000 m3. Cette mesure vient s’ajouter à la barrière construite le long du littoral qui limite les fuites en mer mais qui a entraîné une augmentation de l’accumulation de l’eau contaminée.
Au début, TEPCo voulait commencer par la partie amont, mais la NRA l’a contrainte à commencer par l’aval car elle craignait qu’une baisse du niveau de la nappe entraîne des fuites d’eau radioactive des sous-sols des réacteurs vers la nappe, puis la mer.
Voir les informations mises en ligne par TEPCo en février dernier. Le gouvernement a pris une partie du coût du projet à sa charge. Sa contribution directe s’élève à 35 milliards de yens (276 millions d’euros).