Depuis les premiers mois de la catastrophe nucléaire, un des principaux problèmes auxquels fait face TEPCo est de colmater les fuites d’eau contaminée vers l’océan. Plusieurs mesures ont été prises depuis, avec comme double ambition, de réduire les fuites en mer via les nappes phréatiques et de limiter l’accumulation d’eau contaminée dans les cuves. Il y en a déjà près de 800 000 m3.
La dernière mesure mise en place, à savoir le mur le long du littoral, a bien réduit les écoulements vers la mer, mais a augmenté les volumes stockés quotidiennement, comme l’a reconnu TEPCo.
La dernière mesure prévue par TEPCo, et soutenue par le gouvernement, est de geler le sol tout autour des quatre réacteurs accidentés. Cela devrait réduire les infiltrations d’eau souterraine dans les sous-sols des réacteurs où elle se mélange à l’eau de refroidissement très contaminée après son contact avec les combustibles fondus. Elle espère ainsi réduire l’accumulation du stock de 450 m3 par jour à 150 m3 par jour. Attention, il y a une erreur dans le communiqué de TEPCo : il y est question de 450 L/j qui pénètrent, mais ce sont 450 m3, c’est à dire 450 000 L !
Le 9 février, TEPCo annonce que l’installation pour geler le sol est terminée. La décision de construction avait été prise en durant l’été 2013, suite aux scandales concernant les fuites en mer (voir notre synthèse de l’époque), et les travaux ont débuté en juin 2014. Voir le communiqué de la compagnie, la page spéciale et la vidéo de présentation. 1 568 trous ont été faits tout autour des réacteurs pour faire circuler un liquide réfrigérant à -30°C. Le coût de construction et d’exploitation de cette barrière gelée de 1,5 km est très élevé. La contribution du gouvernement s’élève à 34,5 milliards de yens (265 millions d’euros).
Mais ce même jour, l’Autorité de Régulation Nucléaire, la NRA, a gelé le projet, en interdisant à TEPCo de commencer à geler le sol sans garanties supplémentaires ! Voir l’article de l’Asahi à ce propos.
Cela fait longtemps que la NRA demande à TEPCo de démontrer l’efficacité de ce système car elle craint que l’eau contaminée accumulée dans les sous-sols des réacteurs contamine tout le sol autour s’il y a moins d’eau à l’extérieur. Le président de la NRA expliquait en 2015 que TEPCo répand l’illusion étrange que le problème de l’eau contaminée sera résolu si le mur gelé sous-terrain est construit. Et comme il faudrait deux mois pour dégeler le sol, il vaut mieux être prudent.
Lors d’un essai effectué l’an dernier, la réduction de l’écoulement a été plus élevée que prévu par endroit et le sens des écoulements ne pouvait pas être déterminé par d’autres.
TEPCo doit donc faire d’autres études avant d’être autorisée à commencer le gel du sol. Le cauchemar de l’eau contaminée se poursuit.