Extension de la durée de vie de 20 ans envisagée pour le réacteur Tôkaï 2

La Japan Atomic Power Co est une filiale des grandes compagnies d’électricité japonaises qui avait trois réacteurs nucléaires en activité en 2010 : deux à Tsuruga, dans la province de Fukui et un à Tôkaï-mura, dans la province d’Ibaraki. Le réacteur Tôkaï-2, mis en service le 28 novembre 1978, doit être mis à l’arrêt définitif au bout de 40 ans, conformément à la loi sur l’énergie post-Fukushima, sauf si une demande d’extension de 20 ans de la durée de vie est déposée avant le 28 novembre 2017.

La Japan Atomic Power Co envisage sérieusement de déposer un tel dossier de demande, malgré les nombreux obstacles et difficultés techniques. Il s’agit d’un réacteur à eau bouillante de 1 100 MWe, comme à Fukushima daï-ichi, qui a échappé de peu à l’accident grave en mars 2011. Un des trois diesels de secours a été inondé par le tsunami. Si la hauteur de la vague avait eu 70 cm de plus, il se peut qu’il eut alors été impossible de refroidir le réacteur. Cela aurait pu résulter en un accident grave. En mars 2011, il a aussi fallu trois jours et demi à l’exploitant pour mettre ce réacteur à l’arrêt.

Tôkaï-2 fait partie des vieux réacteurs qui ont des kilomètres de câbles électriques inflammables, désormais interdits. Il faut aussi installer un nouveau système de refroidissement de secours, comme devrait l’exiger l’Autorité de Régulation Nucléaire pour les réacteurs à eau bouillante. Le projet d’exigence, qui consiste en l’installation d’un système de refroidissement du bas de l’enceinte de confinement afin de réduire la chaleur et les gaz émis par le corium après un accident de fusion du cœur, est actuellement soumis à la consultation du public. En effet, les réacteurs à eau bouillante ont une enceinte de confinement plus petite que ceux à eau sous pression et résistent donc moins bien à une fusion du cœur. Comme nous l’avons déjà signalé, TEPCo l’a déjà installé sur ses réacteurs n°6 et 7 de Kashiwazaki-Kariwa, situés à Niigata. Selon l’Asahi, la Japan Atomic Power Co a décidé de faire de même à Tôkaï-2.

Par ailleurs, il y a près d’un million d’habitants dans un rayon de 30 km, dont la ville de Mitô, capitale de la province. L’installation n’est qu’à 120 km de Tôkyô. Il est donc très difficile d’établir un plan d’urgence nucléaire et nombre d’élus locaux sont opposés à ce redémarrage.

Il n’est pas sûr que la compagnie ait les moyens financiers de couvrir les coûts de renforcement de la sûreté du réacteur Tôkaï-2. Mais ce réacteur est son seul espoir de redémarrage. Tôkaï-1, mis en service en 1966, est à l’arrêt définitif depuis 1998. Tsuruga-1 fait partie des 8 réacteurs mis à l’arrêt définitif après la catastrophe nucléaire de Fukushima. Quant à Tsuruga-2, il est sur une faille sismique considérée comme active par l’Autorité de Régulation Nucléaire, même si la Japan Atomic Power Co conteste cet avis. Son redémarrage n’est donc pas autorisé.

Sans l’extension de la durée de vie de Tôkaï-2, la Japan Atomic Power Co perd tous ces réacteurs et n’a plus raison d’être. C’est donc la faillite. Selon l’Asahi, elle estime que le renforcement de la sûreté de Tôkaï-2 lui coûtera 180 milliards de yens (1,4 milliard d’euros). Il faut encore ajouter les coûts liés à l’extension de la durée de vie.

Cette décision de demander l’extension de la durée de vie de cette centrale est donc complètement folle et probablement même pas rentable. Kansaï Electric a, dans une situation analogue, décidé d’arrêter définitivement deux réacteurs. Mais la Japan Atomic Power Co ne veut pas prendre la responsabilité de tout arrêter et tente de reporter la responsabilité de sa faillite sur l’Autorité de Régulation Nucléaire.