Envoi en France des combustibles usés du réacteur Fugen

Le réacteur expérimental Fugen, situé dans la province de Fukui, a été arrêté définitivement en 2003. Il est en cours de démantèlement. C’était le premier réacteur au monde à avoir un cœur entièrement constitué de MOx. D’une puissance de 165 MWe, il fonctionnait à l’eau lourde. L’exploitant, la Japan Atomic Energy Agency (JAEA) est connue pour sa culture de sûreté défaillante qui a conduit l’Autorité de Régulation Nucléaire à lui retirer l’autorisation d’exploiter le surgénérateur Monju.

Le Japon ne sait pas quoi faire des 111 tonnes de combustible MOx de ce réacteur et cherchait à les envoyer à l’étranger. En effet, l’usine de retraitement de Tôkaï-mura où il était prévu de l’expédier est arrêtée définitivement et doit être démantelée. Sur 738 assemblages, 272 sont à Tôkaï-mura et les autres toujours sur le site du réacteur. Leur retrait, qui aurait dû être terminé, a été reporté de 9 années à 2026.

Orano vient d’annoncer avoir remporté le contrat. Mais il n’y a plus vraiment de concurrence depuis l’arrêt définitif, au Royaume-Uni, de l’usine de retraitement Thorp. La compagnie française doit préparer leur transport des 111 tonnes de combustible qui devrait avoir lieu entre 2023 et 2026. Pour Orano, « la signature de ce contrat majeur confirme le choix du recyclage nucléaire comme une solution de gestion responsable et performante des combustibles usés pour nos clients. » Blabla habituel, car, même en France, le taux de recyclage est inférieur à 1%, comme l’a rappelé le récent rapport du HCTISN. De plus, rien ne prouve que ces combustibles seront retraités car le Japon n’a pas de débouché pour les matières qui pourraient être extraites. Si le contrat prévoit également la mise en œuvre des études préalables aux opérations de réception et de traitement, comme l’explique Orano, il n’inclut pas le retraitement à proprement parlé.

Fin juillet, le Japon s’est engagé à ne pas extraire plus de plutonium qu’il ne peut en consommer. Et il a déjà 47 tonnes sur les bras, alors qu’il ne peut en consommer qu’une tonne par an actuellement. Cela laisse du temps à Orano pour ses études préalables… Et surtout, la JAEA n’a plus de réacteur. Il lui faudrait donc trouver un autre exploitant qui accepte son plutonium de qualité moindre car issu du MOx. En France, ce combustible n’est pas retraité.

Bref, Orano va récupérer 111 tonnes de combustible MOx à entreposer dans ses piscines proches de la saturation qui vont prendre la place d’environ une année de production de MOX en France. Ce contrat pourrait donc accélérer l’effondrement du parc nucléaire français si EDF n’arrive pas construire sa nouvelle piscine avant la saturation prévue à l’horizon 2030, comme l’ACRO l’a révélé.