Quand le gouvernement censure un scénario énergétique

Le gouvernement japonais a validé, cet été, un plan énergétique complètement irréaliste qui prévoit que le nucléaire couvrira 20 à 22% de la production d’électricité à l’horizon 2030. Aucun chiffre n’est donné pour l’horizon 2050, un des objectifs du Japon dans le cadre de l’accord de Paris sur le climat avec une baisse promise de 80% des émissions de gaz à effet de serre par rapport au niveau de 2013.

L’Asahi révèle que le Ministère de l’environnement avait travaillé à un scénario à l’horizon 2050 qui a été rejeté par le ministère de l’économie, sans même pouvoir être présenté au groupe de travail sur le sujet.

Selon ce scénario, la part du nucléaire devait être de 21% de la production d’électricité en 2030, pour satisfaire à la demande gouvernementale, même si c’est complètement irréaliste. Puis, elle devait passer à 11 – 12% en 2040 et 7 – 9% en 2050. La part des énergies renouvelables devait, quant à elle, passer de 57 à 66% en 2040 et de 72 à 80% en 2050. Ce scénario ne prévoyait pas la construction de nouveaux réacteurs nucléaires. Il supposait aussi que la moitié seulement des réacteurs redémarrés étaient exploités jusqu’à 60 ans. Rappelons que cette prolongation au-delà de 40 ans est qualifiée d’exceptionnelle dans la loi japonaise.

Mais le ministère de l’économie voulait absolument 20 à 22% de nucléaire pour 2030 et laisser la porte ouverte pour 2050. Il ne voulait pas non plus aborder le problème de la construction de nouveaux réacteurs nucléaires, dont il rêve, mais que la population ne peut pas accepter.

Cela en dit long sur les modèles de planification énergétique au Japon, qui doivent satisfaire à l’idéologie des gouvernants, sans prendre en compte la réalité.