La série de séismes qui a secoué l’île de Kyûshû est unique et inattendue. Il n’y aurait pas de précédent de deux secousses rapprochées d’une intensité de 7 sur l’échelle japonaise. Entre ces deux secousses, il y en a eu d’autres, assez fortes. Ainsi, le 14 avril, les spécialistes et les autorités pensaient que les répliques seraient plus faibles. Mais dès le 16, la province d’Ôïta était touchée à son tour.
La longueur de la zone active dépasse 100 km et la fréquences de secousses ne baisse pas. Il y en a déjà eu plus de 830. Les spécialistes ne peuvent donc pas faire de prévisions, ce qui n’est pas sans inquiéter la population.
De fortes pluies entravent les secours et des ordres ou des recommandations à évacuer sont émis à cause des risques de glissement de terrain.
Il y a plus de 10 000 maisons détruites ou endommagées dans les provinces de Kumamoto et d’Ôïta, dont plus de 1 500 qui ne peuvent pas être réparées. L’expertise va prendre du temps.
De nombreuses personnes évitent les abris d’urgence surpeuplés et préfèrent dormir dans leur voiture. Certains parkings ou aires de sport sont devenus des dortoirs. Le 18 avril dernier, une femme âgée de 51 est décédée d’une embolie pulmonaire qui est due à une artère bloquée. Les médecins pensent qu’elle a développé une thrombose veineuse, parfois appelée syndrome de la classe économique. Quand une personne reste sans bouger dans un espace exigu pendant une période prolongée, il arrive qu’il se forme un caillot de sang, souvent dans les jambes, qui peut ensuite se rendre dans les poumons et provoquer des difficultés respiratoires ou une insuffisance cardiaque. Cette femme avait passé plusieurs nuits dans sa voiture. Le 19 avril dernier, plus d’une vingtaine de personnes en tout auraient été hospitalisées suite à ce problème. 4 étaient dans une condition sérieuse et ont été transportées vers un hôpital en dehors de la province de Kumamoto. Il y avait alors environ 90 000 personnes qui ne pouvaient ou ne voulaient ps rentrer chez elles. Elles sont encore plus de 80 000 actuellement.
En 2004 à Niigata, 11 personnes ont souffert d’embolie pulmonaire après avoir dormi dans leur voiture. Ces décès peuvent être évités en bougeant et massant ses jambes régulièrement. Il est aussi conseillé de boire suffisamment, même si l’accès aux toilettes est compliqué.
Les maisons de retraite qui ont accueilli des personnes âgées qui ont perdu leur habitation sont aussi débordées. Certaines font aussi face à un manque de personnel suite aux séismes.
Le 20 avril, on dénombrait 12 décès indirects liés à la dégradation des conditions de vie. Le nombre total de victimes est donc de 60. Il y a 1 280 blessés à Kumamoto et 27 à Ôïta.
A Minami-Aso, une commune de 12 000 âmes dispersées dans plusieurs hameaux, un peu plus de 2 000 personnes ont trouvé refuge dans le gymnase de l’école et dans les salles polyvalentes de la commune. Il n’y a pas d’eau courante pour se laver ou tirer la chasse. Ils dorment à même le sol sur des futons et se nourrissent de plats froids : pain, nigiri (boules de riz), biscuits…
Dans la ville de Kumamoto, des konbini (superettes ouvertes 24h/24) ont rouvert, en mettant la priorité sur la nourriture et l’eau, mais ils ne peuvent pas faire face à la demande.
Les autorités ont des difficultés à faire parvenir la nourriture dans les villages isolés. Elles semblent peu préparées à faire face à un tel désastre. Certaines personnes pourraient rentrer chez elles, mais elles n’osent pas car les secousses continuent. Elles ne veulent pas s’éloigner non plus, par crainte des voleurs. Il y a déjà 17 plaintes pour vol. Les personnes déplacées se plaignent aussi du manque d’information.
Des sondes qui surveillent le volcan Aso sont en rade suite aux coupures d’électricité, ce qui n’est pas rassurant. Par ailleurs, certaines routes d’accès au volcan sont barrées suite à des glissements de terrain.
Du côté des centrales nucléaires, pas de problème particulier, selon l’autorité de régulation nucléaire qui s’est engagée à communiquer quotidiennement. Son rapport du 18 avril a été traduit en anglais. Ceux en japonais, à raison de deux par jour, sont accessibles ici.
Selon le Maïnichi, le président de la NHK, la télévision et radio publiques, a déclaré que les reportages sur le nucléaire après une catastrophe naturelle ne devaient pas être source d’angoisses inutiles et qu’il fallait s’en tenir aux informations officielles…