Nouveau plan énergétique du Japon

Le 22 avril 2021, lors du sommet sur le climat organisé par les Etats-Unis, le premier ministre japonais a annoncé un nouvel objectif, plus ambitieux, de réduction des gaz à effet de serre : en 2030, ils auront baissé de 46% par rapport à 2013. C’était 26% lors de la COP21 à Paris. En octobre 2020, il a aussi promis la neutralité carbone à l’horizon 2050. Mais la mise en œuvre est complexe.

Les énergies fossiles représentent actuellement 80% de la production d’électricité. A lui seul, le charbon a fourni 32% de l’électricité en 2019. Et si toutes les centrales thermiques étaient mises à l’arrêt d’ici 2030, cela ne suffirait pas, comme le rapporte le Maïnichi. Même si la priorité est d’arrêter les centrales à charbon qui sont les plus émettrices de CO2, il faudra aussi réduire la demande en énergie.

Le gouvernement veut modifier la réglementation pour faciliter et accélérer le développement des énergies renouvelables. Selon l’Asahi, il devrait permettre, en particulier, l’accès aux ressources géothermiques dans les parcs nationaux. Il y a actuellement 62 centrales géothermiques et le gouvernement veut en doubler le nombre d’ici 2030. Il sera aussi plus facile d’installer des panneaux solaires sur des terres agricoles. Le but est de doubler la part des renouvelables dans la production d’électricité pour atteindre 36 à 38% en 2030, pour atteindre 60% d’électricité décarbonée. C’était 18% de renouvelables en 2019 et le précédent plan prévoyait 22 à 24% en 2030.

L’installation de grandes centrales solaires ne va pas sans poser de problèmes. Outre l’artificialisation de terres, il y a eu des coulées de boue, voire des glissements de terrain.

Quant à l’énergie nucléaire, elle représente actuellement 6% de la production d’électricité, contre environ 30% avant 2011, sachant que seulement 10 réacteurs ont été remis en service en 10 ans, alors qu’il y en avait 54 avant la catastrophe nucléaire. Un est suspendu par la justice (voir notre bilan). Si la dernière remise en service date de juin 2021, il n’y en a eu aucune en 2019 et en 2020. La cible de 20 à 22% de nucléaire en 2030, maintenue dans le nouveau plan, nécessiterait la remise en service d’au moins 25 réacteurs.

Le nouveau plan ne devrait pas prévoir la construction de nouveaux réacteurs nucléaires. Sans surprise, l’opinion publique est contre, mais c’est surtout le coût qui a entraîné un changement de politique. Selon le Maïnichi, le ministère de l’industrie vient, en effet, d’estimer que l’électricité d’origine nucléaire coûtera plus cher que celle d’origine solaire en 2030. Voici les chiffres repris par l’Asahi :

En revanche, le gouvernement envisage d’autoriser l’exploitation des vieilles centrales nucléaires au-delà de 60 ans. Rappelons que la durée d’exploitation est limitée à 40 ans depuis la catastrophe de Fukushima, sauf exception, où une exploitation jusqu’à 60 ans peut être autorisée. Sur les 10 réacteurs remis en service, un seul a plus de 40 ans actuellement : Mihama-3. Cela ne suffira pas pour atteindre le quota espéré en 2030.

Dans tous les cas, il faudra aussi que les autorités japonaises réduisent drastiquement la consommation d’énergie. Le gouvernement est en train d’élaborer un plan pour les 28 500 établissements scolaires – écoles et collèges – qui devraient aussi pouvoir être transformés en refuges en cas de catastrophe. Ils devraient devenir des bâtiments passifs, avec une meilleure isolation et des équipements d’énergie renouvelable. Ces derniers équipent déjà 30% des établissements.