L’Ukraine autorise le dragage de la Pripiat, malgré la contamination radioactive

En préparation du projet de voie navigable E40 qui doit emprunter la rivière Pripiat et passer au pied de la centrale accidentée de Tchernobyl, les autorités ukrainiennes ont autorisé le dragage des sédiments pour faciliter la navigation. L’ACRO a récemment publié une étude sur l’impact radiologique de ce projet et le collectif “Save Polesia” estime qu’il met en danger la plus grande zone humide d’Europe.

Comme le souligne l’ACRO dans son étude, l’Agence internationale de l’énergie atomique, qui fait la promotion de l’énergie nucléaire, recommande de laisser les sédiments aquatiques en place. Pour rassurer, les autorités ukrainiennes ont fait faire quelques analyses de la radioactivité dans ces sédiments sur plusieurs horizons. La contamination en césium-137 va jusqu’à 323 Bq/kg et celle en strontium-90, jusqu’à 15 Bq/kg.

Ces analyses sont incomplètes puisque le plutonium et l’américium, qui polluent significativement la zone concernée, n’ont pas été recherchés. Par ailleurs, les prélèvements n’ont été effectués que jusqu’à 60 cm de profondeur, alors que dans leur premier appel d’offre les autorités ukrainiennes mentionnaient un dragage jusqu’à un mètre de profondeur. Et les quelques données font parfois apparaître une concentration en polluants qui augmente avec la profondeur.

Le seuil d’exemption recommandé par l’AIEA pour le césium-137 est de 100 Bq/kg. Cela signifie qu’une partie des sédiments dragués devra être considérée comme déchets radioactifs. Les autorités ukrainiennes ne disent pas comment elles vont gérer ces déchets.

Rappelons que cette voie navigable ne peut pas être aménagée tant que le bassin de refroidissement de la centrale de Tchernobyl, extrêmement contaminé, n’est pas assaini. La construction d’un barrage dans la zone d’exclusion nécessite de reprendre les déchets radioactifs enfouis dans de nombreux centres situés dans la zone inondable et va entraîner des doses inacceptables pour les travailleurs. Ce projet de voie navigable n’est donc pas réalisable. (Re)Lire l’étude de l’ACRO pour en savoir plus.