Doutes sur le sous-sol gelé, ultime rempart de TEPCo contre les fuites d’eau radioactive

TEPCo a tout tenté pour réduire les infiltrations d’eau souterraines dans les sous-sols de ses réacteurs accidentés à Fukushima daï-ichi. En effet, cette eau se mélange à l’eau utilisée pour refroidir les combustibles qui est très contaminée. Elle doit donc être pompée en permanence pour éviter les débordements, partiellement décontaminée pour finir dans des cuves qui s’accumulent à perte de vue (une fuite a encore été découverte sur une cuve en juin 2016, d’après TEPCo).

Elle a commencé par des pompages en amont, dans la nappe phréatique, avec un impact très faible. Puis elle a construit une barrière souterraine le long du littoral afin de réduire les fuites radioactives en mer, tout en pompant la nappe phréatique au pied des réacteurs. Cette eau est partiellement décontaminée avant d’être rejetée en mer. Mais, rapidement, cette solution a posé des problèmes : le mur penche et l’eau est devenue trop contaminée et trop salée pour être traitée. TEPCo reste discrète à ce propos.

La dernière solution est le gel du sous-sol tout autour des réacteurs accidentés (voir la page dédiée sur le site de TEPCo, avec une vidéo). La encore, cela n’a pas évolué comme prévu : les nombreuses galeries souterraines entre les réacteurs et le littoral ne gelaient pas et il a fallu les bétonner. Des premier tests du gel du sous-sol ont eu lieu en avril 2015, puis les opérations ont commencé par l’aval le 31 mars dernier. Depuis le 6 juin, TEPCo a commencé à geler la partie amont (voir les photos).

Dans sa communication en anglais, la compagnie semble satisfaite des progrès effectués. Voir, par exemple, un bilan publié en avril dernier pour la partie aval. Le rapport transmis à l’AIEA en mai dernier par le gouvernement est tout aussi insipide.

Mais la solution n’est pas aussi prometteuse qu’attendu. En mai dernier, les médias japonais (Fukushima Minpo ou Asahi) ont rapporté que, selon TEPCo, 10% environ du sol ne gelait pas. En un point, la température n’est pas descendue en dessous de 10°C. Cela concerne les parties où il y a beaucoup de graviers et des écoulements rapides. La compagnie, qui avait annoncé que 88% du sol avait gelé, a dû trouver des idées alternatives. Depuis juin, elle injecte aussi du ciment et d’autres agents chimiques dans les zones où le gel ne prend pas. Voir les données publiées en juin.

Selon le Maïnichi, l’Autorité de régulation nucléaire, la NRA, commence à avoir de sérieux doute sur l’impact du projet. TEPCo annonce que le chantier avance comme prévu, mais les volumes d’eau contaminée pompés de faiblissent pas. Un des commissaires a même estimé, durant une réunion, qu’il ne s’agissait pas d’un mur, mais plutôt d’un écran de bambous.

Rappelons que le gel des sous-sols doit se faire sur 1,5 km tout autour des réacteurs, une ampleur sans précédent, et doit tenir pendant des années. Il devrait entraîner le gel de 70 000 m3 de sol. Pour cela, les sous-traitants de TEPCo ont foré 1 568 trous dans lesquels des tuyaux ont été installés jusqu’à 30 m de profondeur pour y faire circuler un liquide réfrigérant à -30°C. Le projet a déjà coûté 34,5 milliards de yens (310 millions d’euros) d’argent public.