Le correspondant du Maïnichi à Kôriyama a assisté aux réunions publiques avec les habitants du district de Miyakoji à Tamura, où l’ordre d’évacuation sera levé à partir du 1er avril prochain. Il a le sentiment que les autorités ont manipulé les habitants. Il explique pourquoi et donne des conseils aux habitants des autres zones où l’ordre d’évacuer devrait être prochainement levé, comme à Kawauchi ou Naraha.
Il note que certains habitants sont très contents de la décision, mais que beaucoup ne sont pas satisfaits. Il a mené une enquête auprès des habitants de Miyakoji et a reçu 73% de réponses. 47% des personnes qui ont répondu ont dit souhaiter une levée de l’ordre d’évacuer après 2015 et 39% préfèrent dès ce printemps.
Lors de la réunion du 23 février avec les 117 foyers de Miyakoji, des habitants se sont opposés à la décision du gouvernement pour diverses raisons : décontamination insuffisante, risques de recontamination, absence d’accès au centre du bourg où il y avait les commerces, médecins, fin de l’indemnisation… Mais à la fin de la réunion, aucune de ces craintes n’a été prise en compte et les autorités ont confirmé leur décision de lever l’ordre d’évacuer au 1er avril 2014.
En juin 2013, à la fin des travaux des décontamination, qui n’a eu lieu qu’à proximité immédiate des habitations, les autorités ont autorisé les habitants à rentrer chez eux et même y passer la nuit. Cette largesse, initialement prévue pour l’été, a été prolongée sans consultation jusqu’en octobre 2013. Le gouvernement voulait lever l’ordre d’évacuer dans la foulée, à partir de novembre 2013. Mais les habitants, surpris par la rapidité de la décision et l’absence de concertation, s’y sont opposés.
La division des habitants a joué en faveur des autorités. Certains, réticents à l’idée de rentrer, ont été accusés de vouloir profiter de l’indemnisation. Des fractures sont apparues entre les habitants.
Miyakoji est divisé en quatre zones. Dans une zone, les habitants ont réclamé un retour rapide. Dans deux autres zones, où la contamination est plus élevée, les habitants voulaient encore attendre une deuxième campagne de décontamination. Dans la dernière zone, il n’y a pas eu de consensus. En janvier 2014, les autorités locales et nationales ont eu des réunions avec chacune des zones séparément. Un calendrier d’une levée de l’ordre d’évacuer n’a été évoqué qu’avec les habitants de la zone où un retour rapide était souhaité. Le 23 février, les autorités ont profité de la division pour faire adopter la levée de l’ordre d’évacuer pour tout le district.
Le journaliste prévient donc les habitants des autres zones qu’il leur faut être conscient que les autorités ont un agenda en tête en faveur d’un retour rapide. Elles ont donc préparé un scénario et une mise en scène. Le droit du choix du lieu de résidence, garanti par l’article 22 de la constitution, a été mis en avant pour donner une tournure solennelle aux discussions et à la décision. La conclusion de la réunion a été tirée au moment le plus favorable de la discussion, sans qu’il soit possible, pour les autres habitants de changer l’ordre des choses.
Le journaliste appelle donc les habitants opposés à un retour rapide de bien s’organiser en amont de la réunion pour parvenir à faire entendre leur voix. Il pense aussi que les opposants s’étaient résignés sous le prétexte que le gouvernement fera ce qu’il veut à la fin. Les mauvaises conditions de vie des réfugiés leur confèrent un sentiment d’infériorité et de résignation. Ils n’ont plus la force de se battre et ont le sentiment d’avoir été trahis par les fonctionnaires qui devraient servir le public.
Enfin, le dernier point soulevé par le journaliste est que de nombreuses réunions n’étaient pas publiques. Il suggère aux habitants d’exiger que les réunions soient publiques et qu’un compte-rendu soit fait par un tiers.
Il espère que ces conseils seront utiles aux habitants face aux autorités.