TEPCo veut rejeter l’eau souterraine en mer

TEPCo communique en anglais sur son projet de rejeter dans l’océan l’eau souterraine partiellement décontaminée car cela va sûrement faire l’objet de protestations des pays voisins. Rappelons que la compagnie a construit un mur sous-marin le long du littoral pour arrêter les fuites en mer, mais il ne peut fonctionner que si l’eau est pompée en amont, autrement elle est seulement détournée. TEPCo a donc restauré certains puits de pompage, ainsi que les pompes et la tuyauterie qui existaient avant la catastrophe et va en creuser de nouveaux. Avant 2011, la compagnie pompait près de 1 000 m3/jour pour éviter les infiltrations d’eau souterraine dans les sous-sols. Mais maintenant, cette eau est fortement contaminée et TEPCo ne peut pas se permettre de la mettre dans des cuves faute de place : elle compte pomper de l’ordre de 500 à 700 m3 par jour en espérant que cela va diminuer de 200 m3 par jour les infiltrations. Si c’est confirmé, cela signifie qu’elle va se trouver avec de 300 à 500 m3 d’eau contaminée supplémentaire par jour. Comme ses autres prédictions n’étaient pas correctes, cela peut même être plus.
Le mur ne serait fermé qu’une fois le système de pompage en service, pour éviter que la contamination ne se propage partout.
Dans un premier document annexe, un schéma fait apparaître que le césium (Cs), strontium (Sr) et antimoine (Sb) seront partiellement filtrés. La contamination en césium et strontium de cette eau devrait être divisée par 1 000 à 10 000 selon le document. Le communiqué ne mentionne pas le tritium, qui n’est pas retiré.
Dans le premier document annexe, TEPCo précise que cette eau souterraine a été contaminée par l’eau de pluie qui a été en contact avec les débris en surface. Cela dépend où. A proximité des réacteurs et en aval, il y a aussi les fuites des sous-sols vers les nappes phréatiques qui ne sont jamais mentionnées, mais qui expliquent les niveaux très élevés de pollution qui sont relevés.
Un autre document précise aussi que TEPCo va utiliser les mêmes limites que pour l’eau souterraine pompée en bien en amont : 5 Bq/L en bêta total, 1 500 Bq/L pour le tritium et 1 Bq/L pour chaque césium.
Ce qu’il y a de ridicule dans toute cette communication, c’est l’insistance de TEPCo à expliquer qu’elle compte ainsi diminuer les fuites en mer et protéger l’océan. Ah bon, il y a des fuites ? La situation n’est pas « sous-contrôle » ? Le document donne une estimation des rejets en mer pour le strontium, césium et tritium qui sont de l’ordre de quelques milliards à presque 25 milliards de becquerels par jour. TEPCo met en avant une baisse entre l’année dernière et cette année, qui ne semble pas due à une amélioration de la situation, mais à un changement du point de mesure pour estimer les fuites… Son nouveau système de barrière+pompage+rejet devrait diminuer par un facteur quarante les rejets et fuites en mer. Pour le tritium, c’est un facteur 15 alors qu’elle ne le filtre pas. Bizarre.

Par ailleurs, les derniers résultats mis en ligne sur la site de la NRA pour l’eau de mer mettent en évidence une faible contamination, mais systématique de l’eau de mer, sur de grandes distances, et une contamination conséquente des sédiments marins. Cela se traduit, pour les ressources halieutiques, par une faible contamination des animaux qui dépendent du plancton pour se nourrir et une plus forte contamination de ceux qui dépendent de la faune benthique, qui vit au fond.