Le Centre International de Recherche sur le Cancer (International Agency for Research on Cancer, IARC), qui dépend de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), vient de prendre position sur le dépistage du cancer de la thyroïde suite à un accident nucléaire grave. Son rapport est disponible en anglais.
Le groupe d’experts sollicités par l’IARC se prononce contre un dépistage systématique, tel qu’il est pratiqué chez les enfants de Fukushima. En revanche, il recommande de prendre en compte la possibilité de proposer un programme de surveillance à long terme pour les personnes les plus à risque après un accident nucléaire. Il est très prudent sur la définition du groupe à risque : il s’agit d’individus exposés in-utero ou durant l’enfance ou l’adolescence à des doses à la thyroïde dépassant les 100 à 500 mGy. A titre de comparaison, l’OMS, recommande que « la planification pour la prophylaxie utilisant de l’iode stable pour les enfants devrait idéalement être considérée au 1/10ème du niveau d’intervention générique, c’est à dire 10 mGy de dose évitable à la thyroïde. Ce niveau est également approprié pour les femmes enceintes ». Bien entendu, la surveillance doit se faire en accord avec les familles.
Le groupe d’experts ajoute que ce niveau de référence pour déclencher le programme de surveillance reste assez arbitraire et qu’il ne doit pas être utilisé pour refuser un examen à une personne qui aurait été exposée à une dose à la thyroïde inférieure. L’examen doit pouvoir être proposé après explication des bénéfices et des détriments.
Ces recommandations supposent, comme le souligne le rapport, que la dose a pu être évaluée, grâce, notamment, à de la surveillance dosimétrique, et qu’une prophylaxie à l’iode stable a été mise en place au bon moment. Ce n’était le cas, ni à Tchernobyl, ni à Fukushima. Il serait donc pertinent de faire des recommandations en cas de défaillance du plan d’urgence nucléaire, très probable étant donné qu’ils sont généralement peu réalistes.
Le groupe d’experts reconnait que les facteurs économiques et sociaux puissent être pris en compte dans la décision finale qui reviendra, in fine, au gouvernement concerné. Bien évidemment, la société civile n’a pas été consultée pour établir ces recommandations.
Le texte du rapport souligne l’importance de faire rapidement des mesures de la contamination de la thyroïde sur un échantillon représentatif de la population après un accident, avec une priorité sur les enfants et les femmes enceintes. Cela doit être fait dans les 4 semaines qui suivent l’accident et ne pas dépasser 6 semaines.
Enfin, une grande partie du rapport est dédiée à une discussion sur les cancers de la thyroïde à partir d’une revue de la littérature scientifique.