Les compagnies d’électricité veulent garder leur monopole

Le Japon avait déjà, avant la catastrophe nucléaire, l’une des électricités les plus chères du monde. Et comme les compagnies ont un monopole local, les consommateurs doivent payer. Cet argent sert, entre autres, à influencer la politique et les développements économiques en faveur d’une plus grande consommation d’électricité… Des « donations » ont été faites aux partis politiques et hommes politiques. Un contrôle est exercé sur les chambres de commerce et d’industrie vie des filiales ou sur les syndicats patronaux. Dans le Kansaï, Kansaï Electric emploie 22 000 personnes directement, sans compter les filiales. Le Japan Times décrit son influence délétère locale.
Après la catastrophe, ces compagnies comptent bien maintenir cette politique clientéliste. L’Asahi raconte que TEPCo et Tôhoku Electric ont accepté de mettre la main à la poche quand la municipalité de Rokkashô, où il y a l’usine de retraitement, leur a demandé un soutien financier pour rénover le port de pêche. La demande a été faite le 14 juillet et la réponse favorable envoyé le 22 juillet. TEPCo va donner 133,4 millions de yens (974 000 euros) et Tôhoku Electric 66,6 millions de yens (486 000 euros) dès ce mois-ci. Cela va vite ! Sur ces 5 dernières années, ces deux compagnies auront donc versé à Rokkashô plus d’un milliard de yens (plus de 7 millions d’euros).
Ces deux compagnies ont augmenté leurs tarifs d’électricité et TEPCo reçoit de l’argent du gouvernement, sans intérêt, pour payer les indemnisations. Le gouvernement prend aussi en charge une partie des coûts de la gestion de l’eau contaminée. Ces compagnies sont vraiment sans vergogne !
Les deux compagnies ont déclaré au journal qu’il s’agissait là de leur dernier versement et qu’elles comptaient toujours construire une centrale nucléaire dans la région…

Les compagnies d’électricité qui exploitaient du nucléaire ont dû couper dans les dépenses à cause de l’arrêt des réacteurs et ont aussi augmenté leurs tarifs. Mais, 7 d’entre elles continuent à dépenser des milliards de yens pour leurs centres d’accueil du public où elles font souvent la promotion du nucléaire. Le nombre de visiteurs a, pourtant, fortement chuté. Selon, l’Asahi, il s’agit de Hokkaido Electric Power Co., Tohoku Electric Power Co., Tokyo Electric Power Co., Chubu Electric Power Co., Kansai Electric Power Co., Shikoku Electric Power Co. et Kyushu Electric Power Co..
Chubu Electric n’a pas voulu dire combien cela lui coûte. Les 6 autres vont leur consacrer un total de 3 milliards de yens (22 millions d’euros) cette année.
Certains centres d’accueil du public situés à proximité des centrales nucléaires ont même une piscine gratuite. Mais, malgré la gratuité, le nombre de visiteurs a fortement diminué.
TEPCo a fermé ses deux centres d’accueil de Fukushima, mais en conserve 5 autres consacrés à la promotion du nucléaire.
Toutes ces compagnies ont expliqué conserver ces centres pour regagner la confiance du public…
Il y a deux ans, le 26 août 2011, la précédente majorité a fait passer une loi favorisant l’achat, par les compagnies d’électricité de l’électricité renouvelable. Les projets ont attiré les investisseurs et de nouveaux acteurs se positionnent pour l’ouverture totale du marché en 2016. Mais, dans les faits, cela ne se passe pas comme cela. C’est très complexe de se faire racheter son électricité par des compagnies qui entendent garder un monopole. Elles peuvent refuser la demande de raccordement au réseau pour n’importe quelle raison. Par conséquence, comme le note le Japan Times, seule une faible partie des projets approuvés par le gouvernement fournissent de l’électricité au réseau.
Le cas du centre de recherche nucléaire de l’université d’Ôsaka est emblématique : les toits du bâtiment principal et de l’accélérateur ont été couverts de panneaux solaires, mais il n’y a pas de couplage au réseau, car c’est « administrativement trop complexe ». Une partie du surplus est stockée dans des batteries, mais pas tout. Le reste est perdu.