L’eau souterraine qui s’écoule sous la centrale pénètre dans les sous-sols des bâtiments réacteur où elle se mélange à l’eau contaminée qui sert au refroidissement des combustibles fondus. Cette contaminée ressort et s’écoule vers la mer. TEPCo pompe, décontamine partiellement et stocke le tout dans des cuves qu’elle ne sait plus où mettre.
La dernière tentative mise pour limiter ces infiltrations est un gel du sous-sol tout autour des réacteurs accidentés. Un projet à 34,5 milliards de yens payé par les contribuables. TEPCo communique régulièrement sur le sujet. Son dernier tweet explique que les températures et niveaux d’eau changent. Pas très explicite. Si l’on veut en savoir plus, il y a un document technique peu lisible. Le dernier mis en ligne date du 12 août. Le précédent, du 28 juillet. Il y a quelques points où les températures restent positives. Quant aux niveaux des nappes phréatiques en dedans et en dehors de l’enceinte gelée, ils ne baissent pas.
Fin juillet 2016, TEPCo avait fini par admettre, du bout des lèvres, que le mur gelé ne remplissait pas son rôle de limiter les infiltrations. L’Autorité de Régulation Nucléaire, la NRA, vient de demander à TEPCo de trouver des solutions alternatives. Le gel était déjà une opération ultime, car il requiert des technologies complexes à mettre en œuvre et coûte cher. La compagnie affirme que 99% des thermomètres sur une longueur de 820 m montrent des températures négatives. Mais cela ne suffit pas.
Selon l’Asahi, le groupe d’experts de la NRA, qui vient de recevoir un rapport de TEPCo, estime aussi que le gel du sol, qui en est à son cinquième mois, n’est pas un succès. La quantité d’eau souterraine que TEPCo doit pomper en aval du sol gelé, mais en amont de la barrière en béton située le long du littoral, ne baisse pas.
TEPCo avance toujours l’idée de bétonner le sous-sol là où il ne gèle pas. La NRA lui a demandé d’évaluer l’impact d’autres pompages en amont du mur. Rappelons que la compagnie pompe déjà au pied des cuves, plus en amont, là où la nappe phréatique n’est pas trop contaminée, avec rejet direct en mer. Mais l’impact sur les infiltrations est négligeable.
Pour une meilleure compréhension, rappelons que TEPCo pompe la nappe phréatique bien en amont et rejette l’eau dans la mer. La compagnie a aussi construit une barrière en béton tout le long du littoral pour ralentir les écoulements souterrains d’eau radioactive vers l’océan. Pour éviter que cette eau contourne la barrière, la compagnie doit aussi pomper en amont. Comme l’eau est contaminée, elle doit être traitée pour être partiellement décontaminée, avant d’être rejetée directement dans la mer, sauf si elle est trop radioactive. Dans ce cas, elle rejoint le circuit qui finit dans des cuves. Bien entendu, TEPCo pompe aussi sans les sous-sols des bâtiments réacteur et turbine, décontamine partiellement l’eau et stocke la partie qui n’est pas réinjectée pour le refroidissement.
Selon le dernier bilan mis en ligne par la compagnie, elle injecte 108 m3 d’eau par jour dans chacun des réacteurs 1, 2 et 3 pour les refroidir. Les quantités pompées ne sont pas indiquées. En revanche, TEPCo stocke de l’ordre de 800 000 m3 d’eau radioactive, contenant essentiellement du tritium. Il faut y ajouter ce qui inonde tous les sous-sols de la centrale qui servent aussi de stockage, bien peu étanche.