Changement remarqué de ministre de l’environnement

Le premier ministre japonais a procédé à un remaniement ministériel le 11 septembre 2019. La veille, celui qui allait devenir l’ancien ministre de l’environnement, Yoshiaki Harada, a déclaré à la presse que “le rejet en mer était le seul moyen” de se débarrasser de l’eau contaminée stockée à Fukushima, tout en ajoutant qu’il s’agissait “d’un simple avis” et que “le gouvernement dans son ensemble allait en discuter prudemment”. Cette petite phrase lui a valu une gloire médiatique éphémère sur toute la planète. Le porte-parole du gouvernement a rapidement réagi en qualifiant de “personnels” ces propos.

Que le gouvernement veuille rejeter cette eau en mer n’est pas une surprise. Mais on attend plus qu’un avis, qui plus est “personnel”, du ministre de l’environnement. Le stock dépasse le million de mètres cube et l’on sait qu’il n’y aura plus de place pour ajouter des cuves à l’horizon 2022. Et personne ne sait si ces cuves résisteront à un fort séisme. Il faut donc trouver une autre solution.

Officiellement il resterait plus que du tritium (hydrogène radioactif) dans cette eau traitée, qu’il est difficile de séparer et stocker. Mais TEPCo a fini par admettre que 80% du stock d’eau traitée avait une contamination résiduelle qui dépasse, en concentration, les autorisations de rejet en mer. Elle s’est engagée à traiter une deuxième fois cette eau. Combien de temps cela va prendre ? Le ministre aurait pu demander des études sur le sujet et présenter les résultats. Imaginons qu’une partie de l’eau soit traitée une deuxième fois et diluée pour réduire la concentration en tritium, combien de temps faudrait-il pour la rejeter en mer ? Un chercheur est arrivé à 17 ans. Le ministre aurait pu commander une expertise sur ce problème et présenter les résultats. Malheureusement, on n’a eu que son avis personnel qui n’apporte rien.

Les pêcheurs de Fukushima ont rappelé leur opposition au rejet en mer de l’eau contaminée contenue dans les cuves.

Le nouveau ministre de l’environnement est Shinjirô Koïzumi, fils de l’ancien premier ministre Jun’ichirô Koïzumi. Très médiatique, il a récemment mis en scène son mariage avec une présentatrice franco-japonaise (l’ACROnique de Fukushima devient people…). Lors de sa première conférence de presse, il a déclaré qu’il s’efforcerait d’éliminer l’énergie nucléaire. Cela ne va pas être facile, car le gouvernement auquel il appartient espère toujours porter la part du nucléaire de 20% à 22% d’ici 2030, même si c’est irréaliste.

Le nouveau ministre s’est aussi engagé à respecter la loi concernant les déchets radioactifs issus de la décontamination. Il va s’efforcer de trouver un site en dehors de la province de Fukushima. Sa première visite a été à Fukushima où il a rencontré des pêcheurs et le gouverneur. Il s’y est excusé pour les propos de son prédécesseur… Mais il n’a fait aucune annonce concernant l’eau contaminée.