Toute l’eau contaminée des cuves a été “traitée”

On le sait, TEPCo a mis en place un vaste programme de décontamination de l’eau qui sert au refroidissement des réacteurs accidentés, fortement radioactive, qui se mélange avec de l’eau souterraine qui pénètre dans les sous-sols des réacteurs. Ses diverses stations de traitement ont accumulé les déboires, mais la compagnie vient d’annoncer qu’elle a fini de “traiter” toute l’eau accumulée dans les cuves.

La station ALPS est supposée retirer 62 radioéléments, mais pas le tritium, qui est de l’hydrogène radioactif. Tout n’a pas été traité par ALPS. Suite aux multiples pannes qui ont affecté cette installation, la compagnie a mis en place un « plan B » qui consiste à retirer que le strontium, en plus du césium déjà retiré par une unité appelée SARRY depuis 2011. En sortie, l’eau est qualifiée de « traitée » par TEPCo, même si elle est encore fortement contaminée. La compagnie a donc retiré le césium et le strontium de 620 000 m3 d’eau. Il resterait 10 000 m3 d’eau non traitée au fond des cuves qui n’ont pas pu être reprises.

Sur ces 620 000 m3, 440 000 m3 sont aussi passés par ALPS. Il reste donc 180 000 m3 à traiter complètement.

Quel est l‘intérêt ? Les cuves d’eau contaminée sont fortement irradiantes pour les travailleurs sur le site. Diminuer la contamination de leur contenu est donc positif. En cas de fuite importante, l’impact sera moindre. Voir le communiqué de la compagnie. (Voir aussi ce second communiqué où la compagnie se vante d’être en avance sur son calendrier dans son titre, puis explique pourquoi elle est en retard dans le texte…) Mais, comme TEPCo ne retire pas le tritium et que le stock de ce radioélément dépasse largement les autorisations de rejet en mer, le volume global et donc le nombre de cuves ne diminue pas. Au contraire, il continue à s’accroître de 300 m3 par jour à cause des infiltrations d’eau souterraine.

Comme on le sait, TEPCo tente de geler le sous-sol en amont pour réduire les infiltrations. Les dernières données publiées ne semblent pas très probantes : les températures ne sont devenues négatives que pour le point n°9.

Et les cuves avec les boues radioactives issues de ce traitement dégagent des gaz radioactifs et certaines ont débordé. Parmi ces gaz, il y a de l’hydrogène qui peut être explosif, ce qui n’est pas sans inquiéter l’Agence de Régulation Nucléaire, la NRA. Surtout qu’une de ces cuves n’était pas équipée de valve de sécurité pour éviter les trop fortes pressions.

La compagnie n’a pas de solution à long terme pour l’eau décontaminée par ALPS, autre que celle de la rejeter dans l’océan ou de l’évaporer, ce qui signifie la disperser dans l’environnement, ni pour les déchets fortement radioactifs engendrés par ces traitements.

Par ailleurs, elle a commencé à démanteler une quarantaine des premières cuves non soudées qui avaient fui. Il y en a environ 370 en tout. Les travaux viennent de commencer et devraient se terminer en janvier 2016. Voir les photos. Rien n’est dit sur le devenir des déchets engendrés dans le communiqué de la compagnie.