Témoignage de Haruki Madaramé en charge de la sûreté nucléaire en mars 2011

Haruki Madaramé était le président de la “Nuclear Safety Commission” qui devait conseiller le premier ministre en cas d’accident nucléaire. Il était donc présent dans la cellule de crise mise en place par le premier ministre. Dans un entretien avec le Yomiuri, il revient sur le manque d’information et ses erreurs de jugement. Il avait, notamment, expliqué au premier ministre, dans l’hélicoptère qui les menaient sur le site de la centrale de Fukushima daï-ichi le 12 mars 2011 matin, qu’une explosion hydrogène était peu probable. Il y en aura plusieurs !

Il explique qu’il pensait qu’une explosion hydrogène serait évitée par l’azote présente dans l’enceinte de confinement. Mais, cette dernière n’était pas étanche et l’hydrogène a fui avant de provoquer des explosions dans les bâtiments réacteurs. Il ajoute : “Pourquoi n’ai-je pas pu prédire [cette explosion] ? Je continue à me blâmer d’avoir sous-estimé le danger. L’explosion a également ruiné ma réputation en tant que scientifique.”

Il explique aussi qu’en tant que seul spécialiste présent dans la cellule de crise auprès du premier ministre, il était harcelé de questions pour expliquer la situation. Au tout début de la crise, très peu d’informations leur parvenaient. Ils n’avaient même pas les plans des réacteurs. La NISA, la défunte autorité de sûreté aurait dû leur en fournir à partir de celles obtenus de TEPCo et des inspecteurs sur place.

Goshi Hosono, conseiller spécial du premier ministre, était en liaison téléphonique directe avec le directeur de la centrale en crise, Masao Yoshida, et Haruki Madaramé ne le savait même pas. La hiérarchie l’aurait aussi empêché d’imposer ses vues ou de poser toutes les questions qu’il souhaitait lors de la visite à la centrale.

Haruki Madaramé explique que la première notification de TEPCo annonçant le déclenchement de l’état d’urgence à la centrale à cause de l’absence de refroidissement était lénifiant. TEPCo aurait ajouté informer au cas où. Cela aurait trop rassuré la cellule de crise.

Enfin, il reconnait que la possibilité d’un accident grave était sous-estimée. Difficile de dire l’inverse. La NISA était opposée à l’idée de se préparer à faire face à un accident car cela aurait été remettre en cause la certitude que les centrales nucléaires sont sûres.

Finalement, il avoue : Je me sens une responsabilité pour avoir permis l’accident, qui a eu tant de victimes.