Où en est le développement des énergies renouvelables au Japon ?

En 2012, suite à la catastrophe nucléaire de Fukushima, le Japon a changé sa législation pour favoriser le développement des énergies renouvelables grâce à un tarif de rachat avantageux. Mais l’accès au réseau électrique n’est pas simple, les compagnies distribuant l’électricité préférant favoriser leur propre production. Et les études environnementales pour la géothermie et l’éolien sont longues à mener et plus complexes que pour une centrale nucléaire ou une centrale à charbon. En parallèle, le Japon a autorisé l’exploitation de 48 nouvelles mines de charbon.

Quant au nucléaire, il reste dans les limbes. Les milieux économiques japonais ne croient pas au plan énergétique du pays qui prévoit que le nucléaire représentera 20 à 22% de la production électrique en 2030. Même si les experts dûment sélectionnés ont approuvé. La Japan Association of Corporate Executives, qui compte 1 400 membres, estime que ce ne sera peut-être même pas 10% et appelle à un investissement dans les renouvelables (voir le document en japonais et les principaux points traduits en anglais par Reuters).

Dans la plupart des provinces, l’énergie nucléaire et l’électricité thermique sont classées comme ressources de base et ont un accès privilégié au réseau. En cas de surproduction, ce sont les énergies renouvelables qui sont écartées, ce qui limite leur rentabilité. C’est l’inverse en Europe où les énergies renouvelables sont prioritaires sur les réseaux électriques. Cette politique a pour but d’avantager les grandes compagnies qui veulent rentabiliser leurs centrales. Mais c’est stupide car les énergies renouvelables, à l’exception de la biomasse, ont les coût d’exploitation les plus faibles.

Par conséquent, même si les panneaux solaires fleurissent un peu partout, le Japon reste à la traîne en terme d’énergies renouvelables. La part du solaire a atteint 3,4% en 2015 contre 0,4% en 2012. Et comme le tarif de rachat a diminué, les investissements dans le solaire se sont ralentis. Le gouvernement prévoit 7% en 2030.

Le Japon a les troisièmes ressources géothermiques de la planète, mais n’en utilise que 2% actuellement. Et cela a peu évolué depuis la catastrophe nucléaire de 2011. L’eau thermale, disponible dans presque tout le pays est surtout utilisée pour les bains (onsen). Et 80% des ressources sont en zone protégée. La capter pour d’autres usages, ne semble pas simple à faire accepter.

Une association de propriétaires de onsen est opposée au développement de la géothermie par crainte d’une baisse de la température des bains ou des volumes d’eau disponibles. Et comme les bains chauds sont un loisir national qui représente une forte activité économique, la géothermie ne se développe pas, malgré les incitations financières.

Pour le moment, les initiatives concernent surtout de petites installations qui pompent moins de 7 000 kW. Pour le moment, il n’y a que trois gros projets qui ont abouti, pour un total de 60 000 kW. Le gouvernement veut tripler la part de la géothermie d’ici 2030, mais le démarrage est lent. Elle est actuellement de 520 000 kW.

La biomasse, et en particulier la filière bois, a un des meilleurs rendements financiers. Mais son développement reste aussi très lent.

En revanche, si les 48 nouvelles mines de charbon sont exploitées, le Japon ne pourra pas atteindre ses engagements, pourtant modestes, de baisse de ses émissions de de CO2. Le Japon est aussi le pays qui a le plus contribué au développement de la filière charbon à l’étranger.