Mauvaises nouvelles pour l’industrie nucléaire

Un groupe d’experts de l’autorité de sûreté nucléaire, la NRA, confirme que la faille sismique qui passe sous le réacteur n°2 de la centrale de Tsuruga (Fukui) est bien active. L’exploitant a récemment décidé d’arrêter définitivement le réacteur n°1 de cette même centrale. Il devra aussi arrêter le 2 car c’est le troisième rapport qui conclut en ce sens. La Japan Atomic Power Company, qui pourrait aussi perdre son réacteur de Tôkaï (Ibaraki) et donc tout son parc, s’accroche : elle refuse ces conclusions et prétend vouloir déposer une demande d’autorisation de redémarrage.

Deux failles situées sous la centrale de Higashidôri (Aomori) pourraient bouger aussi. L’exploitant, Tôhoku Electric, a déposé en juin 2014 une demande d’autorisation de redémarrage pour son réacteur. Les deux failles sont juste à l’Ouest du bâtiment réacteur. Comme elles ne passent pas directement sous le réacteur, cela ne conduit pas nécessairement à l’arrêt définitif. Mais la NRA va sûrement exiger une meilleure protection sismique. En revanche, les experts n’ont pas réussi à se mettre d’accord à propos d’une autre faille qui passe sous des équipements importants pour la sûreté comme la prise d’eau.

Alors que le président de la Japan Atomic Energy Agency (JAEA) venait de s’accorder un auto-satisfecit sur la sûreté de son surgénérateur Monju (Fukui), la NRA vient de trouver de nouvelles failles dans le contrôle de la tuyauterie cette fois-ci. Le président de la NRA a eu des mots très durs envers l’exploitant, estimant qu’il n’était pas qualifié pour exploiter du nucléaire s’il n’est pas capable de contrôler correctement son installation. Ce réacteur expérimental a démarré en 1994 et est tombé en panne en 1995. En décembre prochain, cela fera 20 ans qu’il est à l’arrêt. Quelle performance !

Non seulement ce réacteur est plus dangereux que les autres à cause du sodium liquide utilisé pour son refroidissement, mais en plus, il est géré de façon irresponsable. Toute tentative de remise en service est actuellement suspendue suite à la découverte de failles dans le contrôle d’environ 14 000 items dont certains sont important pour la sûreté. Les nouvelles révélations concernent le contrôle des tuyaux où coule le sodium, qui, rappelons-le, s’enflamme à l’air et explose dans l’eau et qui avait fui en 1995. Personne n’a le courage d’arrêter définitivement ce réacteur ?

Alors que le gouvernement peine à définir sa stratégie énergétique, un groupe de pression économique, la Japan Association of Corporate Executives (Keizaï Doyukaï), demande que la part du nucléaire dans production d’électricité atteigne au moins 20% d’ici 2020, ce qui implique de construire de nouveaux réacteurs. C’était 28% avant mars 2011 et c’est 0% maintenant. Elle réclame aussi que les réacteurs puissent être exploités au-delà de 40 ans.