Le mur gelé toujours inefficace : TEPCo veut plus de temps, faute de solution alternative

Le mur gelé souterrain est un fiasco, mais TEPCo ne veut pas l’admettre car elle n’a rien d’autre à proposer. Ce gel des sous-sols autour des quatre réacteurs accidentés aurait dû diminuer les infiltrations d’eau souterraine au bout d’un mois et demi. Six mois plus tard, il n’en est rien.

La compagnie dit avoir besoin de plus de temps pour prouver son efficacité. La plupart des observateurs n’y croient plus. L’Autorité de Régulation Nucléaire (NRA) lui demande de faire des propositions de gestion de l’eau contaminée en partant de l’hypothèse que le gel des sous-sols n’a pas les effets escomptés. Pour TEPCo, les typhons qui ont frappé le Japon en septembre seraient responsables des retards. Ils ont entraîné une augmentation des flux et un dégel.

Le typhon Malakas, qui a arrosé la région du 20 au 23 septembre, a aussi entraîné des débordements d’eau contaminée en mer. Les écoulements phréatiques sont ralentis par une barrière construite le long du littoral. TEPCo pompe en amont pour éviter les débordements. Mais, lors du passage du typhon, la nappe phréatique contaminée est remontée jusqu’à 3 cm au dessus du niveau du sol. La concentration en césium dans l’eau de mer est montée à 95 Bq/L.

La partie aval, située à l’Est des réacteurs, est presque entièrement gelée, mais à seulement à 95% en amont, à l’Ouest. TEPCo attend le feu vert de la NRA pour geler entièrement la partie en amont, mais cette dernière lui demande de prouver l’efficacité au niveau de la partie aval d’abord.

Ce projet a coûté 35 milliards d’euros d’argent public. Et en attendant, TEPCo continue de pomper l’eau contaminée pour la mettre dans des cuves après traitement. La quantité d’eau qui s’infiltre quotidiennement aurait dû être réduite à 70 m3 par jour. C’était 500 m3 par jour avant le gel. C’est devenu 560 m3 par jour en moyenne depuis le gel, en prenant en compte le mois de septembre où les fortes pluies dues aux typhons ont fait monter l’accumulation d’eau à des valeurs comprises entre 600 et 1 200 m3 par jour.

Comme TEPCo ne sait plus où mettre cette eau, même après traitement, elle a reporté le remplacement des premières cuves les plus vulnérables, qui avaient fui. Elles auraient dû être remplacées par des cuves plus solides d’ici mars 2017. Ce sera mars 2018. Fin septembre, elles contenaient encore 110 000 m3 d’eau contaminée.

La NRA presse aussi TEPCo de pomper l’eau fortement contaminée accumulée dans les sous-sols des bâtiments réacteur et turbine. La compagnie maintient son plan d’y arriver d’ici 2020, même si le gel des sous-sols autour des réacteurs n’est pas efficace. Il y en aurait 68 000 m3. Les condenseurs contiendraient environ 2 000 m3 d’eau la plus contaminée, qui concentrerait environ 80% de la radioactivité présente dans toute cette eau. Ils sont donc particulièrement inquiétants. TEPCo espère les purger avant mars 2018.

Quant à l’eau traitée dans les cuves, toujours fortement contaminée en tritium, il n’y a pas de décision prise. Les pistes explorées étaient assez surprenantes et c’est le rejet en mer qui aurait la faveur des autorités, car elle serait la solution la moins chère. Pour en savoir plus, voir le rapport en anglais du METI, repéré par Enerwebwatch.