Exportation du nucléaire japonais

Le Vietnam devrait renoncer à son projet de centrale nucléaire dans le Sud du pays, à cause des risques engendrés et du coût. Le nucléaire n’est plus compétitif et la demande en électricité n’augmente pas aussi vite que prévu. Une résolution en ce sens vient d’être soumise au parlement qui devrait se prononcer le 22 novembre prochain.

Il s’agit d’un coup dur pour le Japon qui espérait y exporter sa technologie.

Le Vietnam avait décidé, en 2009, de construire deux centrales nucléaires avec deux réacteurs chacune dans la province de Ninh Thuan. La Russie et le Japon avaient remporté un projet chacun.

Suite à la catastrophe nucléaire japonaise, le Vietnam a commencé à revoir ses projets. En 2015, il avait déplacé le site de construction plus dans les terres afin de le protéger des tsunamis, puis il a reporté le lancement des chantiers. Ces projets devraient être désormais abandonnés.

Faute de débouchés à l’exportation pour une industrie en difficulté sur le marché domestique, le Japon vient de signer un accord de coopération nucléaire avec l’Inde qui n’est membre, ni du traité de non-prolifération, ni du traité d’interdiction des essais nucléaires. Pour garder la face, l’accord entre les deux pays contient une annexe avec une clause indiquant que le Japon pourrait arrêter la coopération si l’Inde effectue un essai nucléaire. Quelle hypocrisie ! Le développement de l’arme nucléaire continue dans tous les pays qui en possèdent sans recours aux essais. Et puis, une fois l’essai effectué, ce sera trop tard, la technologie aura déjà été transférée, même s’il est mentionné que le Japon pourra demander le retour des composants d’origine japonaise. C’est assez irréaliste pour certains d’entre eux, comme la cuve d’un réacteur.

La France, les Etats-Unis et la Russie n’ont pas eu d’état d’âme et ont déjà signé un traité de coopération avec l’Inde. La France et les Etats-Unis, qui ont besoin de composants japonais pour construire des centrales nucléaires en Inde poussaient à la signature d’un traité avec le Japon.

Le premier ministre japonais a expliqué que cet accord allait renforcer l’engagement de l’Inde en faveur de la non-prolifération et qu’il était en phase avec les efforts du Japon envers le désarmement nucléaire. Bel exercice de novlangue. La crédibilité de l’engagement du Japon en faveur du désarmement nucléaire vient de prendre un nouveau coup, après son refus de signer une résolution de l’ONU en ce sens.

L’accord permet à l’Inde d’enrichir l’uranium et d’extraire du plutonium des combustibles usés, deux activités proliférantes. L’enrichissement à haute concentration d’uranium-235 comme requis pour une bombe n’est pas autorisé sans l’accord du Japon. Ce n’est même pas interdit par l’accord !

Les associations de victimes des bombardements de Hiroshima et Nagasaki, ainsi que celles de l’accident nucléaire à la centrale de Fukushima daï-ichi, ont protesté. Les maires de Hiroshima et Nagasaki aussi. Le premier a demandé à ce que le Japon pousse l’Inde à rejoindre le traité de non-prolifération. Il y avait quatre fois plus de monde à la manifestation du vendredi soir devant le siège du premier ministre.

Le Pakistan, qui n’est pas membre non plus du traité de non-prolifération, a aussi protesté, mais coopère avec la Chine…