Diminution des espèces vivant dans l’estran à proximité de la centrale nucléaire accidentée

Une étude scientifique (article en libre accès) effectuée par le National Institute for Environmental Studies du Japon met en évidence une diminution du nombre d’espèces marines généralement trouvées dans l’estran à proximité de la centrale nucléaire de Fukushima daï-ichi. Voir le communiqué en anglais ou en japonais. Le nombre d’espèces et la densité de populations diminuent d’autant plus que l’on s’approche de la centrale accidentée.

Les chercheurs précisent que la contamination de l’eau de mer en surface a atteint quelques 100 000 Bq/L en avril 2011, au moment des débordements d’eau très contaminée vers l’océan. Par conséquent, les espèces marines ont pu recevoir des doses supérieures à celles vivant dans les forêts.

Une première étude sur le terrain a été effectuée en décembre 2011 : les gastéropodes et les crustacés étaient pratiquement absents de tous les sites, à l’exception de quelques bernacles, moules et les patelles.

En avril, juillet et août 2012, ces mêmes chercheurs ont effectué la même étude sur 43 sites, pas seulement à Fukushima, mais aussi à Chiba, Ibaraki, Miyagi et Iwaté, provinces aussi impactées par le tsunami. Le nombre d’espèces vivant dans la zone de marnage variait de 3 (à Ôkuma, Fukushima) à 21 (Kamogawa, Chiba). A Ôkuma, il s’agissait de bernacles et de deux espèces de gastéropodes brouteurs qui étaient de petites tailles et en faibles quantités.

Les chercheurs notent aussi l’absence d’une espèce de mollusques (Thais clavigera) sur 8 des 10 sites situés à moins de 20 km de la centrale. Cela couvre une distance de 30 km entre Hirono et la plage de Futaba. Un tel phénomène n’ayant pas été observé dans d’autres zones touchées par le tsunami, les chercheurs suggèrent un lien avec l’accident nucléaire.

La concentration en césium radioactif dans les patelles a atteint 160 Bq/kg frais à Fukushima. Pour l’argent-110m, 700 Bq/kg frais. Ces concentrations diminuent rapidement quand on s’éloigne de la zone où il y a la centrale.

En 2013, ces chercheurs ont étudié les organismes sessiles qui sont définitivement fixés sur un substrat. Ils notent que le nombre minimum d’espèces a été observé à Ôkuma, encore une fois. Il n’y en avait que 8, contre 25 à la plage de Hasaki dans la province d’Ibaraki. Les densités de populations des arthropodes étaient aussi plus faibles à proximité de la centrale accidentée.

Les chercheurs concluent que le tsunami ne peut pas expliquer ces résultats et qu’il faut aller regarder du côté des rejets en mer de la centrale nucléaire qui étaient très radioactifs en avril 2011 et contenaient des substances chimiques toxiques comme de l’acide borique et de l’hydrazine. Des études supplémentaires devraient être menées pour comprendre ce phénomène.