Controverses à propos du nouveau commissaire à la sûreté

L’Asahi a découvert que le nouveau commissaire de l’autorité de sûreté nucléaire japonaise, la NRA, dont la nomination est controversée, a touché des fonds de l’industrie nucléaire jusqu’en juin 2014. Satoru Tanaka a été nommé en mai dernier et doit prendre ses fonctions en septembre prochain. Il est actuellement professeur en ingénierie nucléaire à l’université de Tôkyô.
Le quotidien a obtenu des documents officiels de l’université grâce à la loi d’accès aux documents publics où il apparaît qu’il a reçu des fonds de Japan Nuclear Fuel Ltd., exploitant de l’usine de retraitement qui n’a jamais fonctionné, et de Mitsubishi FBR Systems Inc., qui développe un surgénérateur, où il siégeait comme conseiller depuis juillet 2007 jusqu’à juin 2014.
L’usine de retraitement, construite par AREVA, est terminée depuis longtemps mais l’atelier de vitrification n’a jamais fonctionné. S. Tanaka présidait le groupe d’évaluation de la technologie de vitrification de l’exploitant de mai 2009 à mars 2014.
L’Asahi ne sait pas combien S. Tanaka a reçu de ces deux industriels du nucléaire car les chiffres étaient noircis dans les documents reçus. Les deux compagnies ont refusé de répondre. S. Tanaka n’a pas mentionné cet argent sans sa déclaration d’intérêt soumise à la NRA et a aussi refusé de répondre au quotidien. Si cela dépasse 500 000 yens par an (3 600 euros), il ne peut pas être commissaire à la NRA.
A la NRA, il devra prendre des décisions concernant ces deux compagnies.
Pour rappel, sa nomination a été très controversée car il est au cœur du village nucléaire : il a été président de la Société pour l’Energie Atomique du Japon et directeur du Japan Atomic Industrial Forum. Il a aussi défendu l’énergie nucléaire après la catastrophe de Fukushima. Il a reçu jusqu’à 5,1 millions de yens (37 000 euros) de l’industrie nucléaire entre 2006 et 2011 pour ses recherches. Il a aussi touché 500 000 yens d’une fondation liée à TEPCo en 2011.
Le précédent gouvernement, dirigé alors par l’opposition, avait défini des règles strictes pour nommer les commissaires de la NRA : ils ne devaient pas avoir travaillé pour l’industrie nucléaire pendant les 3 années précédent leur nomination. Mais l’actuel ministre de l’environnement a déclaré qu’il ne suivait pas les règles définies par l’opposition et qu’il n’avait pas l’intention de définir de nouvelles règles. C’est donc le retour du clientélisme qui a conduit à la catastrophe…