Le coût des réacteurs nucléaires à l’arrêt

Seuls 3 réacteurs sur 42 sont en fonctionnement. A la fin de l’année, il n’y en aura plus qu’un. Et 12 réacteurs ont été arrêtés définitivement sur 54 avant la catastrophe de Fukushima, dont les 6 de Fukushima daï-ichi.

De nombreux autres ne redémarreront jamais. C’est le cas, par exemple, des 4 réacteurs de Fukushima daï-ni que TEPCo n’a toujours pas mis à l’arrêt définitif. Le gouvernement, actionnaire majoritaire, se garde bien de l’imposer. En revanche, il prépare une loi qui obligerait TEPCo à obtenir l’accord des autorités locales si elle voulait redémarrer un des réacteurs de Fukushima daï-ni. Ce qui est quasiment impossible. Le projet de loi ne laisserait que 3 années à TEPCo après la promulgation pour obtenir l’accord de l’Autorité de Régulation Nucléaire, la NRA et des élus locaux. C’est une façon surprenante de condamner cette centrale. Cette règle ne serait pas appliquée aux autres centrales.

En attendant, les réacteurs à l’arrêt coûtent cher, très cher. Les neuf compagnies d’électricité concernées ont dépensé 1 500 milliards de yens (13 milliards d’euros) en un an, selon une estimation effectuée par l’agence Bloomberg et reprise par le Japan Times. Sur cette même période, le nucléaire n’a fourni que 1,1% de l’électricité du pays.Avant la catastrophe nucléaire, les dépenses étaient à peine plus élevée, 1 700 milliards de yens sur un an et le nucléaire fournissait 30% de l’électricité.

Le nucléaire a représenté 9% des dépenses de ces compagnies l’an dernier : cela inclut la main d’œuvre, la maintenance, la gestion des déchets et la contribution au mécanisme d’indemnisation lié à l’accident nucléaire.

Il y a, par exemple, environ 6 000 personnes par jour qui travaillent à la centrale de Kashiwazaki-Kariwa, située dans la province de Fukui, où TEPCo espère pouvoir redémarrer bientôt les réacteurs n°6 et 7. Les trois quarts viennent de la région. La compagnie a construit un mur anti-tsunami de 15 m de haut, ajouté des réservoirs avec de l’eau de secours… mais le démarrage n’est pas encore acquis. Les réacteurs n°2, 3 et 4 sont arrêtés depuis le séisme de 2007. Les réacteurs n°1, 5, 6 et 7 avaient été remis en service avant d’être à nouveau arrêtés en mars 2011.

Malgré l’ouverture complète du marché de l’électricité en avril dernier, seulement 3% des foyers ont changé de fournisseur pour choisir un nouvel entrant. Et 60% d’entre eux sont à Tôkyô où ils ont quitté TEPCo et 20% dans le Kansaï.

Par ailleurs, Hitachi, Toshiba et Mitsubishi envisagent de fusionner leur activité combustible nucléaire l’an prochain à cause du rétrécissement du marché domestique. Le ministère de l’industrie pousserait fortement en ce sens. Leur division réacteurs nucléaires pourrait suivre même si ce sera plus complexe à mettre en œuvre à cause des technologies différentes.

Début du retrait des débris du tsunami dans la mer devant Fukushima daï-ichi

Les coopératives de pêche viennent de débuter le repêchage des débris du tsunami qui jonchent les fonds marins devant la centrale de Fukushima daï-ichi. La pêche est interdite zone située à moins de 20 km de la centrale et il n’y a pas eu de nettoyage jusqu’à présent.

Les coopératives de pêche de Futaba-Sôma et d’Iwaki sont impliquées dans ce travail qui devrait durer jusqu’en février 2017. Elles ne peuvent pas approcher à moins de 5 km de la centrale nucléaire accidentée.

32 bateaux étaient présents lors de ce premier jour.

Des boues de réservoirs très radioactives à Fukushima

Selon une étude du ministère de l’environnement, mentionnée par le Maïnichi, le césium radioactif s’est accumulé dans une dizaine de barrages situés à moins de 50 km de la centrale accidentée de Fukushima daï-ichi. Ces réservoirs sont utilisés pour l’irrigation ou l’alimentation en eau potable, ce qui suscite de l’inquiétude.

Le ministère effectue une surveillance régulière de la contamination des sédiments de retenues d’eau d’Iwaté à Tôkyô afin d’étudier l’évolution de la contamination radioactive. Pour 10 de ces barrages situés à moins de 50 km de la centrale de Fukushima daï-ichi, la concentration totale en césium radioactif dépasse les 8 000 Bq/kg, limite à partir de laquelle les déchets doivent être classées en déchets radioactifs. Cette limite était de 100 Bq/kg pour chaque césium avant la catastrophe. Il y a, par exemple, 64 400 Bq/kg dans le réservoir de Ganbé à Iitaté, 27 500 Bq/kg dans celui de Yokokawa à Minami-Sôma et 26 900 Bq/kg dans celui de Mano à Iitaté. La contamination de l’eau de surface dans ces réservoirs est de l’ordre de 1 à 2 Bq/L, ce qui est inférieur à la limite de potabilité fixée à 10 Bq/L après la catastrophe.

On ne connait pas la quantité totale de césium retenue ainsi. Une autre étude, qui date décembre 2013, avait estimé à 8 TBq (8 000 milliards de becquerels) la quantité totale de césium dans le barrage d’Ôgaki à Namié. Il servait à l’agriculture.

Selon un autre article du Maïnichi, Pour le moment, le ministère de l’environnement estime qu’il est préférable de laisser le césium là où il est plutôt que de vidanger les barrages et contaminer les rivières.

Pour les sols contaminés, le gouvernement a décidé d’appliquer une logique inverse, à savoir les disperser un peu partout, en appelant cela “recyclage”.

Les débits de dose autour des ces barrages ne dépasserait pas les 2 microsieverts par heure, ce qui serait sans conséquence si l’on ne reste pas à côté. Bien entendu ! Le césium est dans le fond et l’eau sert d’écran aux rayonnements. En cas de sécheresse, l’accès sera déconseillé…

Les habitants ou anciens habitants sont inquiets. Ces barrages vont-ils être décontaminés avant la levée des ordres d’évacuer ? C’est peu probable. Pourront-ils boire l’eau du robinet ? Utiliser l’eau pour l’agriculture ? Quelles seraient les conséquences en cas de rupture d’un barrage ? Que des rumeurs néfastes…

Les archives de la commission d’enquête parlementaire sur Fukushima ne sont toujours pas publiques

Selon l’Asahi, la commission d’enquête parlementaire sur la catastrophe de Fukushima (NAIIC) a recueilli les témoignages de 1 167 personnes et collecté de nombreux documents. Son rapport, publié en juillet 2012, fait environ 600 pages et a été traduit en anglais. Mais, depuis, il ne s’est plus rien passé. Les documents bruts, qui incluent 900 heures d’auditions, n’ont jamais été rendus publics.

Certains témoignages n’ont pu être recueillis que s’ils n’étaient pas rendus publics. Mais ce n’est pas le cas de majorité d’entre eux. Des chercheurs demandent à y avoir accès, en vain.

Le rapport appelait aussi à continuer les investigations car il y avait encore de nombreuses questions sans réponse, mais il ne s’est rien passé non plus de ce côté.

La coalition au pouvoir rêve de relancer le nucléaire, qui est bien mal en point. Le principal parti d’opposition était au pouvoir lors de la catastrophe et reste donc frileux.

Encore 90 000 personnes dans des logements temporaires

Suite à la triple catastrophe (séisme – tsunami – nucléaire) qui a frappé le Tôhoku en mars 2011, il y a encore, à la fin août 2016, 89 172 personnes qui vivent dans un logement temporaire, dont 45 832 dans un préfabriqué. Ces chiffres concernent les trois provinces les plus touchées, à savoir Iwaté, Miyagi et Fukushima.

En mars 2012, il y a eu jusqu’à 120 000 personnes dans des préfabriqués.

Comme il y a de nombreux logements libres dans les différents complexes de préfabriqués, les autorités souhaitent regrouper les gens afin de réduire leur nombre. Mais ce n’est pas si simple. Ishinomaki, par exemple, veut réduire le nombre de complexes de 132 à 19 d’ici la fin 2018. Toutes les communes veulent le réduire à zéro, bien entendu, mais 18 d’entre-elles n’ont pas de calendrier. Surtout à Fukushima.

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Coût de la catastrophe nucléaire et du démantèlement : le gouvernement persiste à vouloir faire payer tout le monde

Les coûts de la catastrophe de Fukushima s’envolent et il y a le démantèlement de nombreux autres réacteurs nucléaires. Les exploitants du nucléaire financent un fond qui contribue à payer une partie de ces coûts. Le gouvernement persiste à vouloir faire payer tous les usagers en prélevant sur le transport de l’électricité afin que les nouveaux entrants sur le marché payent aussi.

Selon l’Asahi, les coûts du démantèlement des réacteurs accidentés de Fukushima pourraient passer de 2 000 à 6 000 milliards de yens (17,7 à 53 milliards d’euros) qui reprend des chiffres internes du ministère de l’industrie. Il y a aussi 3 000 milliards de yens (26,5 milliards d’euros) pour l’indemnisation des personnes évacuées et 1 300 milliards de yens (11,5 milliards d’euros) pour le démantèlement des autres réacteurs. Cela fait 8 300 milliards de yens (73,5 milliards d’euros) en plus des 2 000 milliards déjà prévus qui devraient être à la charge de tous les consommateurs au prétexte qu’ils ont bénéficié du nucléaire. On ne leur avait pas demandé leur avis…

Moody’s avait récemment estimé le coût direct de l’accident à plus de 11 200 milliards de yens (plus de 100 milliards d’euros). Le Financial Times était arrivé à une facture similaire, en ajoutant que TEPCo n’en payera que 20%.

Ce choix gouvernemental est contesté, même dans la majorité au pouvoir. Pour le moment, les nouveaux entrant sur le marché de l’électricité n’ont réussi à attirer que 2% des foyers.

Un groupe de travail a été mis en place sur le coût de l’accident suite à la demande de TEPCo de bénéficier de plus d’aides financières. Il devrait débuter ses travaux en octobre prochain et rendre son rapport en mars 2017. La loi pourrait être modifiée par la suite, dans le courant de l’année 2017.

Cancers de la thyroïde à Fukushima : 174 cas suspectés dont 135 confirmés

L’université médicale de Fukushima a publié les derniers résultats de sa campagne de dépistage des cancers de la thyroïde chez les jeunes de Fukushima. Ils peuvent être téléchargés ici en japonais. La traduction officielle en anglais sera disponible ici. En attendant, une présentation en anglais des principaux résultats est déjà disponible sur Fukushima Voices.

Au 30 juin 2016, il y a 174 cas de cancer de la thyroïde suspectés chez les jeunes de Fukushima, dont 135 confirmés après intervention chirurgicale. A cela, s’ajoute toujours un cas qui s’est révélé être bénin après l’intervention. C’était respectivement 172 et 131 à la fin mars 2016, lors de la précédente publication. Les deux nouveaux cas sont deux jeunes filles âgées de 12 et 14 ans originaire d’Iwaki et de Tadami.

Rappelons qu’il y a déjà eu deux campagnes de dépistage par échographie de la thyroïde qui concernent potentiellement 381 281 jeunes nés entre le 2 avril 1992 et le 1er avril 2012. Une troisième vient d’être lancée. La deuxième campagne a débuté en avril 2014. A l’issue du premier dépistage, il y a 115 cas potentiels, dont 101 confirmés. A l’issue du deuxième, il y a 59 cas potentiels, dont 34 confirmés.

81% des jeunes avaient été examinés lors de la première campagne. 270 378 ont subi une deuxième échographie au 30 juin et 270 327 ont reçu les résultats. C’est moins (71%) que lors de la première campagne.

A l’issue de cette deuxième dépistage, 2 217 jeunes sont éligibles à des examens complémentaires. C’est 156 de plus que la dernière fois. Parmi eux, 1 476 ont subi ces examens, dont 176 une ponction à l’aiguille fine dans la glande. Cela a révélé 59 cas de cancer potentiel. Sur les 34 cas confirmés par chirurgie, il y a 33 cancers papillaires et un d’un autre type.

Lors du premier dépistages, ces 59 cas potentiels avaient été classés

  • A1 (pas de kyste ou nodule) pour 28 d’entre eux,
  • A2 (nodule inférieur à 5 mm ou kyste inférieur à 20 mm) pour 26 d’entre eux (7 nodules et 19 kystes),
  • B (nodule supérieur à 5 mm ou kyste supérieur à 20 mm) pour 5 d’entre eux.

Il s’agit donc de cas nouveaux dans leur grande majorité.

A noter que la troisième campagne de dépistage a débuté en mai 2016 et que 17 481 jeunes ont déjà subi une troisième échographie de la thyroïde.

Les autorités continuent d’affirmer que ces cancers ne peuvent pas être liés à la radioactivité. Dans une publication scientifique récente disponible en libre accès, des membres de l’équipe de l’université médicale de Fukushima répondent à l’étude du Prof. Tsuda pour en récuser les conclusions : pour cela ils ont divisé le territoire en fonction de la dose externe et les résultats du premier dépistage à la date du 30 juin 2015. Ils ne trouvent pas d’augmentation significative dans les zones plus contaminées par rapport aux zones les moins contaminées. Mais, comme les auteurs le reconnaissent, il s’agit d’une évaluation de l’exposition externe due à la contamination des territoires et pas de la dose à la thyroïde qui n’a pas été mesurée. De plus, cette évaluation est assez approximative.

Par ailleurs, se pose toujours le problème de savoir s’il était pertinent d’opérer ces enfants si leur cancer est lié au dépistage, comme le prétendent les autorités. Une publication scientifique récente, en accès payant, mais disponible à l’ACRO, a tenté de mesurer l’impact du sur-diagnostique sur ce type de cancer, à savoir la découverte de tumeurs qui n’auraient pas entraîné de symptômes ou de décès si elles n’avaient pas été traitées. Cela aurait concerné des dizaines de milliers de patients dans différents pays, voire 228 000 aux Etats-Unis. Les auteurs arrivent à 560 000 cas de sur-diagnostique dans 12 pays, dont la France et le Japon. Ils citent aussi une étude japonaise qui montre qu’il n’y avait pas de différence sur le nombre de décès entre les patients qui ont subi une opération immédiate et ceux qui ont été surveillés. Seulement 3,5% des 1 235 patients qui ont été surveillés sur 75 mois en moyenne ont eu une progression clinique de la maladie et aucun n’est décédé.

La province de Fukushima a créé un site Internet en français

La province de Fukushima a commencé à traduire son site Internet en de nombreuses langues étrangères, dont le français. Le contenu reste maigre pour le moment, mais il devrait s’enrichir avec le temps. Il y a déjà, des données sur la contamination des aliments et sur l’évolution des zones évacuées. Certaines données sont en anglais ou espagnol…

On trouve aussi quelques données lacunaires sur la santé des habitants, la décontamination

Arrêt définitif de Monju : comment ne pas perdre la face ?

Le gouvernement s’est réuni pour décider du sort du surgénérateur Monju qui n’a fonctionné que 250 jours depuis sa mise en service en 1994 et a déjà coûté plus de 1 000 milliards de yens (8 milliards d’euros) d’argent public. Cela fait la bagatelle de 4 milliards de yens (36 millions d’euros) par jour de fonctionnement ! En plus, la culture de sûreté y est défaillante et l’Autorité de régulation nucléaire a demandé au gouvernement de trouver un autre exploitant. Tout le village nucléaire vante intérêt de ce réacteur, mais personne ne veut le reprendre. Il ne reste plus qu’à l’arrêter définitivement et lancer son démantèlement, comme l’annoncent les médias japonais. Mais, ni le gouvernement, ni le village nucléaire ne veulent perdre la face. Alors on réfléchit à la communication.

A l’issue de la réunion, le gouvernement s’est mis d’accord pour conclure d’ici la fin de l’année et de revoir entièrement sa politique. Il a aussi réaffirmé sa volonté de “recycler” les combustibles usés. C’est aussi un échec pour le moment puisque l’usine d’extraction du plutonium n’a jamais marché et que presque tout le parc nucléaire japonais est à l’arrêt. Le gouvernement veut aussi maintenir la recherche sur les générateurs dits de génération IV en collaboration avec la France. Ils doivent aboutir dans 50 ans, ce qui fera plus de 100 ans de R&D. Une technologie d’avenir qui le restera ! Et puis, il faudra aller expliquer ce revirement aux élus locaux. Le maire de Tsuruga et le gouverneur de Fukui se sont dit déçus. Le gouvernement aurait assuré le maire, la veille, que rien n’était décidé…

Selon le Maïnichi, il y a un fort désaccord en entre le ministère de l’industrie qui estime que ce ne n’est pas plus cher de construire un nouveau prototype plus moderne que de maintenir Monju. Mais le ministère de la recherche, qui en avait la charge, tient à son réacteur défaillant. Selon l’Asahi, il a donc critiqué la collaboration avec la France sur Astrid, le prototype français dans les cartons du CEA, en expliquant que Superphénix est aussi un échec et que le Japon risquait de devenir la vache à lait du projet dont les coûts et les délais pourraient exploser. La première conséquence de cet échec patent, est que lee gouvernement va devoir revoir toute sa politique du plutonium, matière hautement proliférante.

Dans un éditorial, le Yomiuri, qui se positionne en porte-parole du village nucléaire japonais, demande que l’arrêt définitif de Monju ne rompt pas le cycle du combustible. Pas de risque puisque ce cycle est inexistant !

De son côté, un syndicats a interrogé des employés de JAEA, l’exploitant de Monju, qui se révèlent être très critiques. Selon le Maïnichi, qui reprend les résultats du sondage, plus de la moitié (57,7%) estime que ce réacteur doit être arrêté définitivement. Ils ne sont que 8,5% à le défendre. A noter que sur les 234 adhérents interrogés, seulement 71 ont répondu. Aucun d’entre eux ne travaille à Monju. Un autre syndicat a sondé ses adhérents travaillant à Monju, mais n’a pas publié les résultats…

Quel gâchis d’argent public ! Dans un éditorial, l’Asahi appelle à l’arrêt définitif de ce réacteur, bien entendu, mais aussi à la réforme du système qui a permis cette gabegie.

Une manifestation anti-nucléaire a rassemblé environ 9 500 personnes à Tôkyô pour réclamer l’arrêt définitif de Monju et de tous les réacteurs nucléaires.

Des nouvelles du parc nucléaire japonais

Le retrait du gouverneur de Niigata de la course à sa succession a pris de court de nombreux habitants qui contaient sur lui pour retarder, voire empêcher le redémarrage de deux réacteurs à la centrale de Kashiwazaki-Kariwa appartenant à TEPCo. Des groupes anti-nucléaire ont manifesté au début du mois pour lui demander de rester. Ils comptent bien mettre ce sujet au cœur de la campagne électorale. 1 300 personnes étaient présentes à ce rassemblement, selon l’Asahi.

Chûgoku Electric, qui avait porté plainte contre quatre militants qui avaient bloqué, en 2009, l’accès au site prévu pour la centrale nucléaire contestée de Kaminoseki. Elle demandait 39 millions de yens. La stratégie de la compagnie a été de faire traîner le procès afin de maintenir une intimidation des militants contestataires. Six ans et huit mois plus tard, ils sont arrivé à un accord. La compagnie retire sa plainte et les militants ne pénètrent pas sur le site et n’obstruent plus l’accès par la mer. La compagnie maintient son projet de centrale. S’il n’avance pas, ce n’est pas à cause d’une poignée de militants contre le nucléaire. Le meilleur ennemi de l’industrie nucléaire, c’est elle-même.

A Kagoshima, le gouverneur, qui a demandé par deux fois à Kyûshû Electric d’arrêter les deux réacteurs de sa centrale de Sendaï, en vain, vient de reconnaître que son action était illusoire car ces réacteurs seront, de toutes façons, arrêtés les 6 octobre et 16 décembre prochains, après 13 mois d’exploitation. Mais l’action du gouverneur aura permis d’obtenir des contrôles supplémentaires suite aux séismes de Kumamoto. Quant au redémarrage des réacteurs après leur arrêt de routine, il risque de prendre beaucoup de temps. Il y a, bien entendu, les garanties demandées par le gouverneur, mais il y a surtout l’acier des cuves à contrôler, car il pourrait avoir les mêmes problèmes que ceux de l’EPR, comme nous l’avons signalé.

Depuis que l’autorité de régulation nucléaire a demandé de trouver un nouvel exploitant au surgénérateur Monju, le gouvernement est à la peine. Tout le village nucléaire vante son intérêt, mais personne ne veut le reprendre. Comme nous l’avons déjà signalé, le gouvernement envisage donc son arrêt définitif, ce qui serait une excellente nouvelle tant cette technologie est dangereuse. Cela se préciserait, selon les médias japonais. Mais, pour ne pas perdre la face et avoir quelque chose pour justifier le retraitement des combustibles usés, le gouvernement réfléchit à sa communication : il va donc annoncer le maintien des recherches sur ce que l’on appelle généralement la génération IV désormais, même s’il s’agit d’une technologie ancienne peu performante et dangereuse. Il a Jôyô, un autre petit réacteur situé à Ibaraki qui est à l’arrêt depuis un accident en 2007, et un partenariat possible avec la France sur le projet Astrid.

La compagnie J-Power, qui construit un nouveau type de réacteur nucléaire à Ôma, dans la province d’Aomori, vient de reporter une nouvelle fois la date de mise en service. Ce sera en 2024 car l’instruction du dossier de sûreté est plus longue que prévu. En décembre 2014, c’était 2021 qui était annoncé, puis 2022 en septembre 2015. La NRA avait demandé des études sismiques supplémentaires. Ce réacteur, qui doit fonctionner entièrement au combustible MOx, est une première mondiale. Mais comme l’usine d’extraction du plutonium utilisé pour ce type de combustible n’a jamais démarré, l’utilité de ce réacteur est douteuse.

La construction d’un centre d’entreposage centralisé des combustibles usés à Mutsu, dans la province d’Aomori, qui devait débuter en octobre prochain, a été reportée d’au moins deux ans. L’instruction du dossier de sûreté par l’autorité de régulation nucléaire n’est pas terminé. La compagnie, qui s’appelle sans vergogne, Recyclable-Fuel Storage Co, est une filiale de TEPCo et de la Japan Atomic Power Co. a déposé le dossier en janvier 2014. Comme les réacteurs sont presque tous arrêtés, cette installation n’est pas très utile pour le moment.

Quant à l’usine de retraitement de Tôkaï, dans la province d’Ibaraki, il faudra environ 70 ans pour la démanteler, selon son propriétaire, la Japan Atomic Energy Agency (JAEA). Pour un réacteur nucléaire, ce sont généralement une trentaine d’années qui sont prévues. Cette agence ne dit rien sur les volumes de déchets radioactifs attendus ni sur le coût. Mais ce calendrier n’est tenable que s’il y a un exutoire pour les déchets, ce qui n’est pas le cas pour le moment. L’usine a démarré en 1977, mais n’a retraité que 1 140 tonnes de combustibles usés en tout. Elle a été arrêtée définitivement en 2014.