Rejet du tritium en mer : la meilleure solution selon le gouvernement

L’énorme quantité d’eau radioactive stockée sur le site de la centrale de Fukushima daï-ichi représente une menace. Les cuves tiendront-elles en cas de séisme ? De plus, cette solution n’est pas durable. Il y en a actuellement 800 000 m3.

Une station de traitement a retiré partiellement 62 radioéléments et, officiellement, il ne reste plus que du tritium, à savoir de l’hydrogène radioactif, dans cette eau. Il est très complexe de le retirer. Alors, les autorités ont envisagé plusieurs solutions, dont celle de tout évaporer. Des simulations ont été faites pour enfouir cette eau, la vaporiser, rejeter dans l’atmosphère le dihydrogène seul et simplement rejeter l’eau dans l’océan après dilution. Sans surprise, c’est cette dernière option qui est la moins chère et la plus rapide : elle devrait prendre 7 à 8 ans et coûter de 3,5 à 4,5 milliards de yens. Il est envisagé de diluer cette eau avant de la rejeter pour limiter l’impact, mais cela ne fera pas baisser la quantité totale.
Les médias ne mentionnent pas le problème de l’autorisation de rejet qui serait largement dépassée dans ce scénario. Aucune d’étude d’impact prenant aussi en compte la contamination résiduelle des autres radioéléments n’est rapportée.

Tchernobyl, trente ans après

Rappelez-vous, il y a 30 ans, quelques vidéos :

Et 30 ans après ? L’ACRO a mis en ligne le bilan de sa cartographie citoyenne de la pollution rémanente de Tchernobyl en France et en Europe. Voir le site Internet dédié.

Débat à propos de la fermeture de la centrale de Sendaï

Le débat fait rage au Japon à propos de la centrale nucléaire de Sendaï située dans la province de Kagoshima à quelque 120 km des épicentres des forts séismes qui ont eu lieu ces derniers jours. Faut-il arrêter les deux seuls réacteurs nucléaires en activité du pays ?

Le gouvernement est contre l’arrêt, bien évidemment. Le village nucléaire a eu tellement de mal à redémarrer deux réacteurs qu’il ne veut pas les arrêter. Quand pourraient-ils repartir ? Rappelons qu’il y avait 54 réacteurs nucléaires avant la catastrophe de Fukushima et que seulement 5 satisfont aux nouveaux critères de sûreté qui ont notamment renforcé les critères de résistance aux séismes. D’un autre côté, 12 réacteurs ont été arrêtés définitivement, en incluant les quatre détruits à Fukushima daï-ichi.

D’un autre côté, l’activité sismique reste intense : le nombre de répliques qui ont dépassé la magnitude 1 sur l’échelle japonaise, qui va de 0 à 7, est 531 à 12h, heure locale, dont plus de 80 avec une magnitude supérieure à 4. Ce matin, entre minuit et 11h, il y a eu 3 secousses d’une magnitude supérieure à 4 dans la province de Kumamoto, la plus touchée. Le 17 avril, la province voisine d’Ôïta a subi 5 secousses d’une intensité supérieure à 3. La question cruciale est de savoir si cette activité sismique va s’étendre à d’autres failles.

Les secousses au niveau de la centrale de Sendaï sont restées relativement modestes, comme nous l’avons signalé. Mais que se passera-t-il si l’activité sismique se propage vers le Sud-Est, en direction de la centrale de Sendaï ? Un grand nombre de personnes demandent donc l’arrêt préventif des réacteurs. Plusieurs pétitions circulent (voir ici par exemple).

Face à la polémique, l’Autorité de Régulation Nucléaire (NRA) a fini par tenir une réunion exceptionnelle à ce propos. Son président a présenté ses excuses pour l’absence d’informations relatives à la centrale. Il a aussi confirmé qu’il n’y a, pour le moment, aucun problème de sûreté. Les accélérations maximales enregistrées lors des secousses étaient de 8,6 gal à Sendaï, 20,3 gal à Genkaï, centrale arrêtée dans la province de Saga sur l’île de Kyûshû également et 10 gal pour celle d’Ikata, dans la province d’Ehimé sur l’île voisine de Shikoku, aussi à l’arrêt. Le refroidissement des piscines n’y a pas été affecté. L’arrêt automatique des réacteurs a lieu quand les accélérations horizontales atteignent de 140 à 190 gal (c’est 160 gal à Sendaï) et 70 à 90 gal verticalement. Le gal correspond à 1 cm/s2.

La NRA a aussi précisé que le niveau d’alerte du volcan Aso n’avait pas été relevé. Elle estime, de plus, que si l’activité sismique se propage vers la centrale de Sendaï, les mesures de sûreté prévues seront suffisantes. Ce point de vue de la NRA n’est pas une surprise. Demander l’arrêt des réacteurs de Sendaï signifierait que le référentiel de sûreté mis en place après la catastrophe de Fukushima n’est pas assez contraignant… Or, il a été présenté comme le plus exigent au monde !

Mais la dégradation des moyens de transport et le fait que les secours soient débordés par le nombre de personnes réfugiées à Kumamoto (104 900 ce matin), avec des difficultés dans approvisionnement en nourriture, font qu’en cas d’accident nucléaire grave, les plans d’urgence ne pourront pas être appliqués de manière satisfaisante. En particulier, l’évacuation sera complexe à mettre en œuvre. Ces plans d’urgence constituent pourtant le cinquième niveau de protection dans la doctrine de la défense en profondeur.

Autrement, le nombre de décès liés au séisme est désormais de 44. Il y a près de 100 000 personnes sans logement et les abris sont surpeuplés. Des milliers de personnes dorment dans leur voiture.

A 8h42, ce soir, heure locale, un nouveau séisme de magnitude 5,8 a frappé la province de Kumamoto. Une secousse supérieure à 5 sur l’échelle japonaise qui compte 5 niveau a été ressentie au mont Aso, à Ubuyama (Kumamoto) et à Taketa (Ôïta). Une fois encore l’épicentre est à 10 km de profondeur.

Point sur les séismes à Kyûshû

Le 17 avril à 10h, heure japonaise, il y a déjà eu, depuis le déclenchement de l’activité sismique du 14 avril, 410 secousses qui peuvent être senties par les résidents. A 8h30, 162 secousses avaient une magnitude supérieure à 3,5. Ce serait la fréquence de secousses la plus élevée jamais enregistrée au Japon, selon l’agence météorologique japonaise.

L’activité sismique se déplacerait vers le Nord-Est, en direction de la province d’Ôïta, mais aussi vers le Sud-Ouest. Il y a des craintes d’une propagation vers l’île de Shikoku. La centrale nucléaire d’Ikata, dans la province d’Ehimé, est à l’arrêt.

Le séisme du 16 avril est désormais considéré comme la secousse principale, celles du 14 étant des secousses “précurseurs”.

Le nombre de décès est toujours de 41, mais il y aurait 11 disparus. Il y aurait aussi 202 blessés graves. Le nombre de personnes dans les refuges varie selon les sources. Il serait de l’ordre de 180 000 dans la province de Kumamoto, 4 500 dans celle d’Ôïta, 800 dans celle de Fukuoka et 64 pour Miyazaki. Le 16 avril, 15 000 membres des forces d’auto-défense, l’armée japonaise, étaient sur place pour aider la population. Ce chiffre devrait être porté à 25 000. De fortes pluies rendent les secours plus compliqués.

De nombreuses personnes passent la nuit dans leur voiture. De longues queues devant les stations d’essence à Kumamoto ont été signalées par les médias. Certains magasins n’ont plus d’eau à vendre ou d’autres objets de première nécessité. Dans un lycée de Kumamoto, qui sert de centre d’accueil, un SOS a été dessiné dans la cour à l’aide de chaises. Il est aussi demandé, du pain, de l’eau et du papier.

Il y a des craintes que l’hôpital municipal de Kumamoto s’effondre. Les patients ont donc été évacués. Il y a un manque de places dans les cliniques et hôpitaux.

745 000 foyers n’ont pas d’électricité à 13h et 100 000 de gaz. De nombreuses usines ont été arrêtées.

Les autorités semblent débordées : elles ont du mal à accueillir tout le monde dans les abris et à apporter de la nourriture dans les villages isolés. Mais la politique n’est jamais loin : le porte-parole du gouvernement a annoncé l’utilisation d’une sorte d’hybride entre un hélicoptère et avion américain appelé Osprey qui est fortement contesté au Japon car il a eu beaucoup d’accidents par le passé.

Des photos sont ici sur le site du Japan Times et ici sur celui de Libération. Des vidéos prises pas des drones sont disponibles ici.

Kyûshû : les séismes violents continuent

La terre continue de trembler violemment sur l’île de Kyûshû, avec des secousses aussi fortes que le premier séisme du 14 avril. A 1h25 le matin du 16 avril, l’intensité a atteint 7,3. A 9h48, 5,4. C’est toujours la province de Kumamoto qui est la plus touchée, mais celle voisine d’Ôïta a subi plusieurs secousses d’une intensité supérieure à 3. L’agence météorologique japonaise ne sait pas encore si c’est lié directement au précédent séisme.

Depuis, l’activité sismique s’intensifierait, toujours selon l’agence météorologique japonaise.

Le mont Aso a eu une petit éruption vers 8h30. Les spécialistes ne savent pas si c’est lié au séismes ou pas.

En soirée, le nombre total de décès s’élevait désormais à 41 (9 pour le séisme du 14 et 32 pour celui du 16 avril) et il y aurait environ 2 000 blessés qui ont reçu un traitement dans un hôpital. 92 000 personnes ont évacué leur logement à Kumamoto.

Des centaines de milliers de foyers sont sans gaz, électricité et eau.

Il y a toujours de fortes craintes d’éboulements ou de glissements de terrain et des évacuations préventives ont été recommandées à Kumamoto et Ôïta. 170 000 personnes sont concernées.

L’Autorité de Régulation Nucléaire (NRA) estime qu’il n’est pas nécessaire d’arrêter les deux seuls réacteurs nucléaires en activité à la centrale de Sendaï, dans la province de Kagoshima, tout au Sud. Aucune anomalie n’y aurait été détectée. Mais cela provoque de fortes inquiétudes au Japon et de nombreuses personnes réclament l’arrêt des réacteurs. Des pétitions ont rapidement recueilli de nombreuses signatures.

Le gouvernement aurait évoqué ce point lors d’une réunion de crise dédié à la situation à Kyûshû. La ministre de l’environnement, en charge de la préparation à l’urgence nucléaire, a rapporté que l’accélération la plus forte enregistrée à la centrale de Sendaï était de 12,6 gal et que, selon les critères de la NRA, une centrale doit être arrêtée si la secousse dépasse 620 gal (1 gal = 1 cm/s2). Le gouvernement a donc décidé de ne pas arrêter cette centrale.

Les personnes réclamant l’arrêt des réacteurs, quant à elles, craignent qu’une réplique beaucoup plus forte affecte la centrale. Elles demandent donc un arrêt préventif.

Fort séisme à Kyûshû

Un fort séisme a secoué la province de Kumamoto sur l’île de Kyûshû à 21h26 le 14 avril 2016, le plus fort depuis celui du 11 mars 2011. Voir les informations sur le site de l’agence météo du Japon. A 13h, le 15 avril, il y a déjà eu 129 répliques, dont certaines assez fortes. C’est dans la ville de Mashiki, à 15 km à l’Est de celle de Kumamoto, que les secousses ont été les plus fortes (jusqu’à 1 580 gal).

On déplore 9 décès et plus d’un millier de blessés, dans les communes de Mashiki et Kumamoto essentiellement. Le 15 avril à 7h, il y avait 761 personnes hospitalisées, dont 44 dans un état grave. Il y a quelques 15 000 personnes dans des abris.

L’épicentre était peu profond, à 11 km sous le sol, d’où les nombreux dommages. Ce sont surtout des maisons anciennes qui n’ont pas tenu. Les dégâts se concentrent le long de la rivière Akitsu où l’on déplore 8 des 9 décès. Le château de Kumamoto est aussi touché.. Certaines répliques à 10 km. Un séisme peu profond peu entraîner des répliques plus fortes. De la pluie est attendue pour le week-end, faisant craindre des éboulements et glissements de terrain.

En ce qui concerne le mont Aso, un volcan actif à 35 km de l’épicentre, aucun changement n’a été perçu, mais il est interdit d’approcher le cratère. Les deux failles mises en cause passent aussi à proximité du Sakurajima à Kagoshima et du Mont Unzen à Nagasaki, tous deux actifs. Comme le séisme ait été peu profond, les spécialistes pensent qu’il n’impactera pas les volcans.

Il y a deux centrales nucléaires situées sur l’île de Kyûshu : celle de Genkaï dans la province de Saga, qui est arrêtée et celle de Sendaï dans la province de Kagoshima, à 120 km de la ville de Mashiki. Deux réacteurs sont en activité dans cette dernière. Selon l’exploitant et l’Agence de Régulation Nucléaire, aucune anomalie n’a été détectée, les secousses ayant été plus modérées sur place : 2 sur 7 à Genkaï et 4 sur 7 à Sendaï, selon l’échelle japonaise. Les réacteurs continuent de tourner.

Aucune anomalie, non plus, à la centrale d’Ikata, située sur l’île de Shikoku, dans la province d’Ehimé.

Comment faire accepter le rejet en mer du tritium ?

TEPCo a accumulé une vaste quantité d’eau contaminée stockée dans un millier de cuves. Cette eau a été partiellement traitée afin d’en retirer 62 éléments, mais pas le tritium qui est de l’hydrogène radioactif. Le séparer est très complexe et coûteux. Alors TEPCo et les autorités ne voient pas d’autre issue que de le rejeter en mer.

Le stock est estimé à 3,4 PBq (3,4 milliards de millions de becquerels), ce qui représente 150 années de rejet à la limite autorisée. Comment faire accepter une augmentation des autorisations de rejet aux Japonais et aux autres pays du Pacifique ? En gros, le problème, ce n’est pas la radioactivité, mais l’acceptation sociétale du rejet !

Une première idée, assez classique, est de parler en gramme, le tritium étant très léger. Le président de l’Autorité de Régulation Nucléaire a expliqué à l’agence de presse AP que le stock de tritium ne représentait que 57 millilitres. Mais pour la radioprotection, c’est bien la radioactivité qui doit être prise en compte, pas la masse ou le volume.

Ce même article donne la parole à Rosa Yang, experte au Electric Power Research Institute en Californie. Elle suggère qu’un membre du gouvernement boive de cette eau devant le public pour montrer qu’il n’y a aucun risque ! Étonnamment, elle ne s’est pas proposée pour cette action de communication… Cela a déjà été testé, sans effet.

Pour le moment, aucun chiffre précis n’est donné sur la teneur en tritium de l’eau à rejeter, ni sur la contamination résiduelle des autres polluants radioactifs. Il n’y a pas non plus d’étude d’impact d’un tel rejet, ni d’évaluation par des tiers. On n’est que dans la communication…

A titre de comparaison, l’autorisation de rejet en mer de l’usine Areva de La Hague est, pour le tritium, de 18,5 PBq et les rejets effectifs de ces dernières années variaient entre 11,6 et 13,4 PBq par an. Le stock de tritium de Fukushima représente donc 3 mois et demi de rejets à La Hague. De quoi rendre jalouses les autorités japonaises !

Critère pour la fusion du cœur : au moins une personne savait chez TEPCo

TEPCo et les autorités japonaises ont mis deux mois pour admettre qu’il y avait eu fusion du cœur des réacteurs 1, 2 et 3 de la centrale de Fukushima daï-ichi. Au début, il n’était question que d’”endommagement” des combustibles.

Cinq ans plus tard, TEPCo a affirmé avoir découvert que son propre manuel d’urgence dit qu’une fusion a eu lieu si au moins 5% du combustible a fondu. Cinq ans pour lire un manuel d’urgence…

Mais un des dirigeants de TEPCo vient d’admettre qu’il connaissait ce critère de 5% depuis longtemps, mais, qu’en mars 2011, il était en charge du refroidissement de la piscine de combustible du réacteur n°4 et n’était donc pas en position de faire une déclaration sur l’occurrence d’une fusion ou pas. Même en interne ?

En revanche, cette personne est en charge des conférences de presse depuis août 2015. Elle a ainsi découvert que ce sujet posait des problèmes internes. Cet aveu contredit la position officielle de TEPCo qui a déclaré que ces cinq dernières années, personne ne connaissait le critère de déclaration de fusion.

Levée prochaine de l’ordre d’évacuer à Katsurao

Le gouvernement veut lever l’ordre d’évacuation de Katsurao le 12 juin prochain, sauf pour la partie de la commune classée en zone de retour difficile. Cela va être discuté avec les habitants lors d’une réunion prévue le dimanche 10 avril. Le conseil municipal devrait donner son accord suite à la réunion qui s’est tenue à huis clos le 5 avril dernier. Des conditions ont été mises, comme la réouverture de certains services. La mairie a repris ses activités, mais il n’y a pas le nombre de commerces et de cabinets médicaux devrait rester limité.

Au 1er avril, le nombre d’habitants enregistrés à Katsurao était de 1 470, dont 118 originaires de zones de retour difficile. Lors d’une enquête effectuée à l’automne dernier, 48% des habitants ont dit vouloir rentrer, ce qui est beaucoup plus que dans les autres communes évacuées. Mais seulement 119 habitants ont demandé l’autorisation de dormir chez eux durant la période de transition afin de préparer leur retour.

Voir la dernière carte officielle des zones évacuées, en date du 5 septembre 2015.

Par ailleurs, selon une enquête effectuée auprès des personnes déplacées qui bénéficient d’un logement gratuit en dehors de la province de Fukushima, 65% d’entre elles ne souhaitent pas revenir à Fukushima en mars 2017 quand tous les ordres d’évacuer seront levés, à l’exception des zones de retour difficile, et 18% souhaitent rentrer.

A Hirono et Naraha, le taux de retour serait de 48 et 6% respectivement. Il y a aussi de nombreux travailleurs du nucléaire qui y logent temporairement.

Les personnes déplacées se sont souvent regroupées en associations pour faire valoir leurs intérêts auprès des communes. En mars 2015, il y en avait 122, mais, selon le Fukushima Minpo, 11 d’entre elles ne seraient plus actives, souvent faute de volontaires pour les administrer. Elles sont pourtant importantes pour maintenir le lien social et défendre les membres.

Enfin, à Tomioka, dans le district de Yonomori, le célèbre tunnel de cerisiers de 2,2 km de long est toujours interdit d’accès sur 1,9 km. L’autre partie a été ouverte à la visite.