Point sur les actions en justice contre TEPCo

Reuters fait le point sur les nombreuses actions en justice contre TEPCo. Rappelons que le rapport d’enquête parlementaire avaient conclu que cet accident était d’origine humaine. Plus récemment, un juge a obligé la compagnie à rendre public un document de 2008 alertant les dirigeants de la compagnie sur la nécessité de renforcer les protections.

Les actions collectives contre TEPCo et contre le gouvernement regroupent plus de plaignants que pour d’autres pollutions. Plus de 10 000 personnes ont déposé plus d’une vingtaine de plaintes. La plus grosse action collective, qui regroupe 4 000 plaignants, veut que la compagnie soit condamnée pour négligence.

Récemment, des jurys citoyens ont conduit à ce que trois anciens dirigeants de TEPCo seront traduits en justice.

Des actionnaires de la compagnie demandent aussi à être dédommagés pour les pertes engendrées par la catastrophe. Ils réclament 5 500 milliards de yens (plus de 40 milliards d’euros).

Ce n’est que le début d’une longue bataille qui vient d’être engagée.

1 400 milliards de yens par an pour maintenir les réacteurs à l’arrêt

Les neuf compagnies d’électricité japonaises qui exploitaient du nucléaire et qui veulent continuer ont dépensé 1 400 milliards de yens (plus de 10 milliards d’euros) durant l’année 2014 pour maintenir leurs réacteurs à l’arrêt. Et dire que toute la communication de ces compagnies est basée sur la fait que les combustibles fossiles utilisés en remplacement coûtent cher et qu’il faut donc redémarrer les centrales, voilà un chiffre qui remet les choses à leur place : ce qui coûte cher, ce sont les réacteurs nucléaires à l’arrêt qui ne rapportent rien, mais coûtent très très cher.

C’est TEPCo qui a dépensé le plus avec 548,6 milliards de yens (4 milliards d’euros) avec ses 11 réacteurs. Cette somme inclut la centrale de Fukushima daï-ni qui n’est pas officiellement arrêtée définitivement, même si elle ne redémarrera jamais. C’est 298,8 milliards de yens (plus de 2 milliards d’euros) pour Kansaï Electric et 136,3 milliards de yens (1 milliard d’euros) pour Kyûshû Electric.

Ces sommes doivent inclure des travaux de remise au norme puisqu’on arrive, au total, au coût d’un EPR.

Cinq de ces compagnies (Tôhoku, Tôkyô, Chûbu , Hokuriku et Kansai Electric Power Co.) ont dû verser 130 milliards de yens à Japan Atomic Power Co. qui leur vendait son courant nucléaire. Pour cette dernière, il est fort probable qu’elle ne puisse jamais redémarrer ses réacteurs nucléaires.

Le volcan Sakurajima s’active à 50 km de la centrale de Sendaï

Alors que Kyûshû Electric est en train de redémarrer le réacteur n°1 de sa centrale de Sendaï à Kagoshima, le volcan Sakurajima, situé à une cinquantaine de kilomètres s’active. Le niveau d’alerte a été monté au degré 4 sur une échelle de 5, ce qui signifie que les habitants situés à moins de 3 km doivent se préparer à évacuer. La commune de Kagoshima a donc émis un ordre d’évacuation temporaire pour 77 habitants.

Kyûshû Electric a immédiatement réagi pour signaler que cela ne changeait rien à ses plans. Officiellement, la centrale peut supporter jusqu’à 15 cm de cendres.

Rappelons qu’il y a 39 volcans dans un rayon de 160 km autour de la centrale, dont 14 actifs.

Les habitants de Katsurao et d’une partie de Minami-Sôma bientôt autorisés à dormir chez eux

Après Kawamata, les autorités ont décidé de permettre aux habitants de Katsurao et de la partie évacuée de Minami-Sôma seront autorisés à rester chez eux la nuit à partir du 31 août afin de leur permettre de se préparer à la levée de l’ordre d’évacuer. Pour ces deux zones, il est déjà autorisé de rentrer durant la journée, mais pas d’y passer la nuit.

A Minami-Sôma, sont concernés, les 11 700 habitants des districts Haramachi et d’Odaka. A Katsurao, 1 360 habitants sont concernés. Ils viennent s’ajouter aux 1 200 habitants de Kawamata qui auront les mêmes droits à la même date.

La date de levée de l’ordre d’évacuer n’est pas encore fixée. Cela dépendra de la situation sur place. La commune de Minami-Sôma vise avril 2016 et celle de Katsurao, le printemps 2016. Dans ces deux communes, les zones classées pudiquement en “zones de de retour difficile” ne sont pas concernées par ces décisions.

Par ailleurs, alors que l’on s’approche d’O-bon, c’est à dire la fête des morts, les habitants des zones évacuées sont autorisés à se rendre sur les tombes.

La procédure de redémarrage a débuté à la centrale de Sendaï

La procédure de redémarrage du réacteur n°1 a débuté comme prévu à la centrale de Sendaï (Kagoshima) alors que 200 personnes protestent encore devant l’entrée. D’autres sont devant le siège de la compagnie à Fukuoka ou devant la résidence du premier ministre à Tôkyô.

La réaction en chaîne est devenue critique vers 23h, comme prévu.

La fédération des coopératives de pêche accepte le plan de rejet en mer de TEPCo

Après les coopératives de pêche, c’est au tour de la fédération régionale de donner son accord au rejet en mer de l’eau souterraine pompée au pied des réacteurs, après traitement. Voir le précédent article à ce sujet. La décision, soumise à condition, vient d’être prise lors d’une réunion extraordinaire.

La fédération a posé comme condition que l’eau des sous-sols des réacteurs ne soit pas rejetée en mer, même après traitement, ni celle des cuves, que les limites soient strictement respectées et que l’eau soit contrôlée par un laboratoire tiers. Elle a aussi demandé un soutien en cas de “rumeurs néfastes” qui pourraient affecter les ventes.

La réponse de TEPCO et du gouvernement est attendue pour la fin du mois. Ils veulent aussi rencontrer la fédération nationale des pêcheurs auparavant et d’autres entités. La compagnie pourrait alors commencer les opérations dès septembre prochain. Elle doit préciser son projet et fixer, notamment, la quantité d’eau rejetée à chaque fois. Ce sera la première fois que de l’eau issue des installations de traitement sera déversée dans l’océan.

Baisse envisagée des subventions en cas de réacteurs à l’arrêt

Le Ministère de l’économie envisage de couper dans les subventions aux communes hébergeant une centrale nucléaire si les réacteurs sont à l’arrêt. Pour le moment, si les réacteurs sont arrêtés pour des raisons de sûreté, il est supposé que le taux d’utilisation opérationnel du réacteur est de 81%. Avec les nouvelles règles, ce sera le taux effectif moyen enregistré avant la catastrophe de 2011. C’était 70% en moyenne.

Ce baisse sera appliquée aux réacteurs à l’arrêt pour raison de sûreté, ce qui est le cas de 100% du parc actuel. Il va donc y avoir une baisse des subventions à partir de 2016.

Le but est affiché est que les subventions, qui sont indexées sur le taux moyen d’utilisation sur deux ans, ne soient pas inférieures en cas de redémarrage. Ce sera un an et demi avec les nouvelles règles. Il s’agit aussi d’encourager les élus locaux à accepter le redémarrage. Mais ce n’est pas de ce côté là qu’il y a des oppositions car la dépendance est forte.

Pour Mihama, par exemple, 40% du budget de la commune vient du nucléaire. Comme deux réacteurs ont été arrêtés définitivement, les subventions vont être divisées par deux à partir de 2016. Cette nouvelle règle implique une diminution supplémentaire qui inquiète.

Les habitants de Kawamata bientôt autorisés à dormir chez eux

Les autorités vont autoriser les habitants de Kawamata à passer la nuit chez eux à partir du 31 août prochain. 1 192 personnes du district de Yamakiya, situé entre 30 et 40 km de la centrale sont concernées. Il s’agit de les aider à préparer leur retour.

Une partie ce ce district est classé en zone avec restriction de résidence car l’exposition externe était comprise entre 20 et 50 mSv par an. C’est la première fois que des habitants pourront dormir chez eux dans cette zone.

Début de la procédure de redémarrage du réacteur n°1 de Sendaï

Kyûshû Electric a confirmé le début des opérations de redémarrage du réacteur n°1 de la centrale de Sendaï à Kagoshima à partir du 11 août. Cela devrait prendre un mois environ avant que le réacteur produise de l’électricité vendue sur le réseau. Rappelons que le parc nucléaire japonais est entièrement arrêté depuis presque deux ans.

Les barres de contrôles devraient être levées vers 10h30 et la réaction en chaîne devrait devenir critique une demi-journée plus tard. La production d’électricité, trois jours plus tard. Comme cela fait plus de quatre ans que ce réacteur est à l’arrêt, l’exploitant a promis d’être attentif. Qu’il allait mettre la priorité sur la sûreté… Il ne peut pas dire l’inverse…

350 personnes protestent devant le réacteur pour s’opposer à son redémarrage, dont l’ancien premier ministre Naoto Kan. Une centaine d’autres sont devant le siège de la compagnie à Fukuoka. Ils étaient 2 000 la veille – un dimanche – devant la centrale. Selon un sondage commandé par le Maïnichi, 57% des Japonais sont opposés à ce redémarrage et 30% y sont favorables. L’étude a été effectuée par téléphone les 8 et 9 août auprès de 1 627 foyers.  Il y a eu 1 015 réponses sur tout le pays.

Les résidents sont toujours inquiets à propos des plans d’urgence. On a vu que, pour la centrale de Sendaï, l’évacuation des personnes vulnérables n’était pas prévue au-delà de 10 km, alors que la loi japonaise impose 30 km. De plus, certaines routes pourraient rapidement embouteillées en cas d’évacuation. A Takaé, par exemple, l’autoroute passe de deux à une voie. D’autres sections sont proches de la mer ou de l’embouchure d’un fleuve et pourraient être noyées en cas de tsunami ou d’inondations. 6 communes sur les neufs concernées ont mentionné des problèmes de ce type. Les autorités régionales vont faire des travaux pour améliorer la circulation ou renforcer les digues. Mais, ils devraient prendre 7 à 8 ans… Certaines communes améliorent les routes forestières pour qu’elles puissent être utilisées en cas d’évacuation.

Les plans d’urgence font partie intégrante de la sûreté nucléaire : il s’agit du cinquième niveau dans le doctrine de défense en profondeur. Pourtant, ces plans ne sont pas évalués par la NRA et n’entrent donc pas dans sa décision d’autoriser ou pas le redémarrage des réacteurs. Le Japon n’a donc pas entièrement tiré les leçons de la catastrophe précédente : le mythe de la sûreté reste bien ancré.

Il n’y a toujours pas de solution concrète proposée pour les déchets engendrés.

Avant la catastrophe de 2011, 40% de l’électricité produite par Kyûshû Electric était d’origine nucléaire.