L’AIEA publie son rapport sur la catastrophe nucléaire à la centrale de Fukushima daï-ichi

L’AIEA a publié son rapport sur la catastrophe nucléaire à la centrale de Fukushima daï-ichi. Il y a 1 200 pages en tout réparties en

avec des annexes.

En feuilletant rapidement certaines parties, il apparaît que ce rapport a beaucoup puisé dans les rapports des commissions d’enquête gouvernementale et parlementaire et n’apporte pas beaucoup d’information nouvelle.

Dans sa communication, l’AIEA a mis en avant deux points repris par les médias :

  • une trop grande confiance dans la sûreté des installations nucléaires et un manque de préparation pour faire face à l’accident (il aurait été difficile de dire l’inverse…)
  • qu’il est peu probable qu’il y ait une augmentation du nombre de cancers de la thyroïde chez les enfants de Fukushima.

Retour permis dans trois communes

Comme cela a été annoncé, les habitants Kawamata ainsi que ceux de Katsurao et d’une partie de Minami-Sôma peuvent rester chez eux la nuit. L’ordre d’évacuer n’est pas encore levé afin de pouvoir bénéficier des indemnisations. Il s’agit de permettre aux habitants originaires de ces communes de préparer leur retour en amont de la levée de cet ordre. Le calendrier n’est pas encore connu, mais le retour définitif devrait pouvoir se faire à partir du printemps 2016. La mesure actuelle n’est prévue que pour 3 mois.

En revanche, il n’est toujours pas possible de rentrer, même durant la journée, dans les zones les plus contaminées, classées en zone de “retour difficile”.

14 255 personnes sont concernées par cette mesure, ou 4 647 foyers, mais seulement 1 265 personnes ou 465 foyers ont déposé une demande de retour. Cela fait à peine 10%. Il y a encore beaucoup d’inquiétude à propos de la contamination radioactive. De nombreuses familles ont décidé de refaire leur vie ailleurs. Surtout quand il y a de jeunes enfants.

Il y a encore 79 000 personnes qui sont forcées à évacuer suite à la pollution radioactives. A cela, s’ajoutent les personnes qui sont parties d’elles-mêmes.

Dernières statistiques sur les doses prises par les travailleurs à la centrale de Fukushima daï-ichi

TEPCo a mis en ligne ses dernières statistiques sur les doses prises par les travailleurs à la centrale de Fukushima daï-ichi. Au 31 juillet, ils sont officiellement 44 531 à être passé sur le site de la centrale accidentée, dont 39 953 sous-traitants. C’est 507 de plus que le mois précédent. La dose moyenne prise en juillet 2015 par les sous-traitants était de 0,6 mSv, avec un maximum à 10,72 mSv. Ces chiffres devraient évoluer lors de la prochaine publication, comme la fois précédente. En effet, pour le mois de juin 2015, le nombre de sous-traitant est passé de 9 948 la dernière fois à 10 101 cette fois-ci. La dose moyenne est passé de 0,66 mSv à 0,72 mSv.

Les travailleurs ont deux types de dosimètres. La variation observée sur les doses du mois précédent serait due à la prise en compte des données des dosimètres intégrateurs. En revanche la variation sur le nombre de travailleurs n’est pas expliquée.

A ces chiffres, il faut ajouter 1 201 travailleurs, tous employés de TEPCo, qui ont une limite de dose plus élevée que ce qui est autorisé en temps normal afin de pouvoir continuer à pénétrer sur le site de la centrale accidentée ou à effectuer des travaux avec une forte exposition. La dose moyenne prise en juillet par ces personnes est plus faible que celle prise par les sous-traitants. Depuis le début de l’accident, elle est d’un total de 36,15 mSv avec un maximum de 102,69 mSv.

Fortes manifestations contre le projet de révision du statut des forces armées

Partout dans le pays, il y a eu des manifestations contre la politique gouvernementale en matière de défense. 30 000 personnes, selon la police, étaient rassemblées à Tôkyô malgré la pluie et plus 130 000 dans tout le pays. Les organisateurs, quant à eux, revendiquent 120 000 personnes à Tôkyô et 300 000 sur tout le pays en prenant en compte plus de 350 rassemblements similaires. Quel que soit le chiffre exact, c’était une des plus fortes manifestations de l’après guerre au Japon, rassemblant toutes les générations.

Après les grands rassemblements contre le nucléaire, c’est le signe que la société japonaise a changé. La fracture entre les autorités centrales et la population s’est agrandie.

L’article 9 de la constitution japonaise interdit au pays de faire la guerre. Il n’a pas d’armée, mais des “forces d’auto-défense” qui bénéficient d’un budget et d’un équipement similaires à une armée. Le gouvernement de Shinzô Abé veut changer la législation pour permettre aux troupes japonaises de participer à des conflits extérieurs afin de préserver les intérêts du pays. Des contre-manifestations de soutien au projet n’ont rassemblé qu’une poignée de personnes : 500 à Tôkyô et 70 à Ôsaka.

Le porte-parole du gouvernement, Yoshihide Suga, a dit regretté l’incompréhension de la population. Ce doit être dur de gouverner des gens qui ne comprennent rien à rien et qui s’opposent à tout ce que le gouvernement veut faire pour leur bien…

2 700 personnes rassemblées contre un projet de stockage de déchets radioactifs à Tochigi

Environ 2 700 personnes se sont rassemblées à Shioya, dans la province de Tochigi, pour s’opposer au projet de stockage de déchets radioactifs issus des travaux de décontamination, des stations d’épuration, etc… Parmi elles, Hirobumi Inomata, le maire de Kami dans la province de Miyagi, où des habitants ont récemment bloqué l’accès à un site envisagé pour le stockage des déchets. Elles ont adopté une résolution demandant l’abandon du projet.

En 2012, un site appartenant au gouvernement, situé dans la commune voisine de Yaita avait été envisagé, mais le projet avait dû être abandonné à cause de la forte opposition locale. Les autorités se sont donc rabattues sur Shioya, où il y aussi une forte opposition.

Il y a actuellement 170 sites d’entreposage provisoire de ces déchets à Tochigi.

La situation est tout aussi complexe dans les cinq provinces concernées par ces déchets : Tochigi, Miyagi, Chiba, Gunma et Ibaraki.

TEPCo ne maîtrise toujours les écoulements d’eau de pluie contaminée

TEPCo avait caché que de l’eau contaminée accumulée sur un toit du réacteur n°2 se mélangeait à de l’eau de pluie pour aller directement dans l’océan. Cela avait fait scandale et la compagnie a été récemment critiquée à ce propos par son groupe d’audit interne.

L’eau de pluie du site de la centrale de Fukushima daï-ichi est recueillie dans un bassin de 2 m de profondeur et s’étendant sur 800 m de longueur, avec une largeur de 2 m. Pour éviter que cette eau aille directement dans l’océan, TEPCo a mis en place 8 pompes pour la rediriger vers le port devant la centrale. Comme il y a des barrières dans le port, TEPCo prétend que la contamination y reste piégée et ne va pas au large. C’est faux. Le port n’est pas étanche et l’eau de mer à l’embouchure du port est toujours contaminée.

Ces pompes, qui peuvent faire face à une pluie de 14 mm par heure, ont été mises en service le 17 avril 2015. Le 21 avril, une panne d’alimentation électrique a entraîné un arrêt des pompes et un écoulement direct vers l’océan, sans passer par le port. Le 16 juillet, ce sont des fortes pluies, avec 21 mm par heure, qui ont aussi entraîné un débordement direct vers l’océan (voir les explications de TEPCo en anglais). En tout, il y a eu 5 débordements entre le 17 avril et le 27 août. La contamination bêta totale dépassait largement ce que TEPCo s’autorise pour les rejets en mer. En revanche, le volume d’eau qui a débordé est inconnu.

Les autorités régionales ont demandé à TEPCo de prendre des mesures contre ce problème et la compagnie vient de relever de 15 cm le barrage de la retenue d’eau. Un nouveau bassin est prévu, avec rejet direct dans le port, d’ici la fin de l’année fiscale en mars 2016. En attendant, de nouveaux débordements seront inévitables en cas de fortes pluies.

 

Augmentation du taux de malformation des sapins japonais dans les zones contaminées

Le National Institute of Radiological Sciences vient de publier une étude dans la revue scientifique Scientific reports de Nature à propos du taux de malformations des sapins japonais dans les zones contaminées de Fukushima. L’article scientifique est en libre accès. Il y a aussi un communiqué de presse en japonais de l’Institut à propos de cette étude.

Il apparaît clairement qu’il y a une augmentation de la fréquence d’apparition de défauts et modifications morphologiques des sapins dans les zones contaminées par rapport à la zone témoin, non affectée par les retombées de la centrale. Cela va jusqu’à l’absence de la pousse principale dans l’axe de la branche. Il y a des photos en ligne pour illustrer le problème. Les auteurs font bien attention à ne pas utiliser le mot “anomalies”.

98% des sapins situés à Ôkuma, à 3,5 km de la centrale, dans la zone la plus contaminée de l’étude, où le débit de dose ambiant est de 34 microsieverts par heure, présentent des défauts et modifications morphologiques. A 8,5 km, dans la commune de Namié, où le débit de dose ambiant est de 20 microsieverts par heure, cette fréquence d’apparition est de 44%. C’est 27% à 15 km, toujours à Namié, avec 7 microsieverts par heure. Ces trois sites sont en zone de “retour difficile”. Pour le site témoin est à Kita-Ibaraki, avec un débit de dose ambiant de 0,13 microsieverts par heure, cette fréquence est de 5,8%.

D’autres études similaires menées dans les environ de Tchernobyl ont montré une sensibilité des sapins et des pins à la radioactivité. Cependant, les auteurs n’excluent pas d’autres causes.

L’Institut a étudié 44 espèces animales et végétales et n’a pas détecté d’autres modifications significatives ou anomalies.

Pour cette étude, entre 111 et 202 sapins ont été contrôlés sur chaque site. Les anomalies sont apparues dès 2012, mais c’est sur les pousses de 2013 que leur fréquence est la plus élevée.

Complément du 12 septembre : cet article a été traduit en français par le Blog de Fukushima.

Le réacteur n°1 de Sendaï à 100% de ses capacités de production

Kyûshû Electric a annoncé que les turbines du réacteur n°1 de sa centrale de Sendaï (Kagoshima) ont atteint 100% de leurs capacités de production. L’exploitant va désormais augmenter la production nucléaire.

Il est prévu de coupler le réacteur au réseau électrique et de commercialiser l’électricité produite à partir du 10 septembre prochain. Le 15 septembre, cela aurait exactement deux ans que le Japon se passe complètement d’énergie nucléaire…

A Miyagi, l’accès au site envisagé pour le stockage des déchets bloqué par les riverains

Le gouvernement japonais peine à faire accepter ses projets pour le stockage définitif des déchets radioactifs issus des chantiers de décontamination, des boues de station d’épuration, de la paille contaminée… Dans la province de Miyagi, des riverains en colère ont bloqué l’accès au site envisagé près de Kami. Des experts doivent y mener des forages afin d’étudier le sous-sol. Deux autres sites potentiels doivent aussi être étudiés, à Kurihara et Taïwa. Les investigations n’ont pas pu avoir lieu sur ces deux autres sites non plus car les maires ont exigé qu’elles aient lieu simultanément. C’était une des conditions pour les accepter.

A Kami, environ 200 personnes, dont le maire, barraient la route d’accès avec des banderoles, dès 6h du matin. Quand les experts sont arrivés vers 8h, ils n’ont pas pu accéder au site. Les palabres ont duré une vingtaine de minutes. Face à la détermination des opposants, les experts et représentants du ministère sont repartis. Cela a entraîné un retrait sur les deux autres sites.

Le gouvernement espère pouvoir mener ces études avant la neige afin de pouvoir choisir le site le plus favorable avant la fin mars. Il y a actuellement 3 400 tonnes de déchets radioactifs à Miyagi, répartis sur 39 sites provisoires. La contamination en césium dépasse 8 000 Bq/kg.

Début d’un vaste chantier de décontamination en zone de retour difficile

Dans les zones les plus contaminées, où l’exposition externe peut dépasser 50 mSv/an, il n’y a pas eu de décontamination, sauf quelques chantiers test. Elles sont classées en “zones de retour difficile”. Mais, à la demande de la commune d’Ôkuma, le ministère de l’environnement vient de lancer un chantier de décontamination sur 95 hectares, autour des bâtiments de service public, dont des écoles.

Pour les autres zones de retour difficile, rien n’a été décidé pour le moment.