TEPCo obtient un prolongement de prêt bancaire

Trois banques japonaises ont accepté de prolongé leur prêt de 280 milliards de yens (2 milliards d’euros) à TEPCo pour l’année à venir. Elles estiment que la compagnie a coupé dans les coûts de fonctionnement et apprécient la démarche de TEPCo de séparer la production et la transmission d’électricité avant ses concurrents. Mais, dans les deux ans à venir, TEPCo va avoir besoin de 1 300 milliards de yens (9,4 milliards d’euros) pour financer ces projets. Elle devrait émettre une débenture l’an prochain.

Lors de ses derniers plans financiers, TEPCo comptait sur le redémarrage de sa centrale de Kashiwazaki-Kariwa pour se renflouer. Ce n’est plus un argument valable.

Les gouverneurs des trois provinces les plus touchées acceptent de prendre en charge une partie des coûts de reconstruction

Le ministre de la reconstruction a rencontré les gouverneurs des trois provinces les plus touchées par la triple catastrophe de mars 2011 pour leur présenter le nouveau plan de financement de 6 500 milliards de yens (47 milliards d’euros). Il espéraient que les provinces d’Iwaté, Miyagi et Fukushima prennent en charge une partie des coûts, à hauteur de 30 milliards de yens (217 millions d’euros) chacune.

Les trois gouverneurs ont donné leur accord pour 22 milliards de yens (160 millions d’euros).

Presque tous les tuyaux comme celui qui a fui doivent être remplacés ou renforcés

TEPCo avait, une fois de plus, choqué avec une fuite sur un tuyau qui n’avait pas été contrôlé. L’eau qui y circulait était beaucoup plus contaminée que ce qui avait été annoncé à l’Agence de Régulation Nucléaire, la NRA.

La compagnie a donc contrôlé tous les 159 tuyaux similaires et a trouvé que 139 d’entre eux, soit presque 90%, posaient problème. Certains étaient courbé au-delà des prescriptions du fabricant, à l’instar de celui qui a fui. D’autres n’ont pas été protégés.

La compagnie précise, cependant, qu’ils transportent tous de l’eau peu radioactive. Pour certains, c’est même de l’eau de pluie. Ce n’était pas le cas pour celui qui a fui récemment ! Elle va les remplacer par des tuyaux plus durables et tenter de réduire leur longueur pour réduire le risque de fuite.

Encore plus de 23 000 enfants évacués à Fukushima

Selon les statistiques officielles des autorités régionales, rapportées par le Fukushima Minpo, il y avait, au 1er avril 2015, 23 498 enfants de moins de 18 ans évacués à Fukushima. 12 006 sont dans la province de Fukushima, et 11 492, en dehors.

C’est Minami-Sôma qui a le plus grand nombre d’enfants évacués, avec 4 729. La ville de Fukushima a le plus grand nombre d’enfants en dehors de la province, avec 2 034, suivie par Kôriyama avec 2 001 et Minami-Sôma, avec 1 874.

Le nombre total d’enfants évacués baisse légèrement. Il y en avait 1 375 de plus au 1er octobre dernier.

Les faibles doses de radioactivité peuvent entraîner des leucémies

Selon une étude épidémiologique coordonnée par le CIRC et effectuée sur plus de 300 000 travailleurs du nucléaire effectuée entre 1943 et 2015 dans plusieurs pays, il apparaît que même à de faibles doses, l’exposition aux rayonnements accroît le risque de décès par leucémie. Les résultats de l’étude montrent que le risque de leucémie augmente linéairement avec la dose de rayonnement. Toujours selon le communiqué du CIRC, il apparaît que le risque associé à l’exposition varie avec le type de leucémie : il était le plus élevé pour la leucémie myéloïde chronique, et il n’y avait pas de risque accru de leucémie lymphoïde chronique. L’étude montre peu de signes d’associations entre l’exposition aux rayonnements ionisants et le risque de décès par myélome ou par lymphome multiple.

Cette étude ne s’intéresse qu’aux décès par leucémie. Or, de nos jours, on soigne la majorité d’entre elles. De nombreux cas échappent donc à ces statistiques. Il faudrait donc étudier la morbidité, mais il n’y a pas toujours de registres avec les données.

L’article scientifique est en libre accès. Voir aussi l’article du Journal de l’Energie.

Des traces d’un tsunami ancien découvertes près de la centrale de Takahama

Des chercheurs ont découvert une couche de sable avec des coquillages dans le sous-sol à plus de 500 m de la côte, près de la centrale nucléaire de Takahama située sur la mer du Japon dans la province de Fukui. Il s’agit d’un tsunami qui aurait eu lieu, selon la datation au carbone-14, entre les 14ième et 16ième siècles. Il pourrait s’agir du séisme de l’époque Tenshô qui a eu lieu en 1 586 et qui avait provoqué un tsunami dans la Baie de Wakasa qui abrite de nombreuses centrales nucléaires. Cela reste à confirmer.

Rappelons que l’Autorité de Régulation Nucléaire, la NRA, a jugé le dossier de sûreté des réacteurs n°3 et 4 de la centrale de Takahama recevable, mais que la cour de Fukui a suspendu le processus de redémarrage.

L’exploitant, Kansaï Electric, a aussitôt affirmé que cette découverte ne changeait rien à l’évaluation des risques naturels, mais la NRA lui a demandé de regarder l’étude de plus près. Cette dernière va aussi l’examiner.

20 litres d’eau très radioactive ont fui

TEPCo a annoncé une fuite d’une vingtaine de litres d’eau fortement contaminée sur un équipement de traitement de cette eau. Il y a 24 000 Bq/L en bêta total. C’est une alarme qui a permis de la découvrir. Il n’y aurait pas eu de fuite vers l’extérieur.

La compagnie recherche la cause. Une vanne, qui aurait être ouverte, était fermée. Cela aurait pu entraîner une augmentation de la pression, puis la fuite. Des investigations vont être menées pour déterminer la cause de la fermeture de la vanne.

Point sur la contamination de l’eau

Suite aux différents scandales, TEPCo a promis de ne plus cacher de données concernant la pollution de l’eau sur le site de la centrale nucléaire de Fukushima daï-ichi. En revanche, elle ne publie plus rien en anglais. Il faut aller consulter les tableaux en japonais. Fin mai, elle a mis en ligne un résumé en anglais pour le mois de mai : tout semble bien aller. Mais aucune donnée ne concerne l’eau souterraine où la situation ne s’améliore guère.

La compagnie a aussi récemment mis en ligne une vidéo qui montre les prélèvements, à télécharger depuis cette page en cliquant sur ダウンロード.

Pour lire les tableaux, le tritium est noté H-3, le strontium-90, Sr-90 et la contamination bêta totale, 全β.

L’eau souterraine pompée en amont afin de rabattre la nappe et réduire les infiltrations dans les sous-sols est contaminée en tritium. Les niveaux sont maintenant inférieurs à la limite de rejet qui est de 1 500 Bq/L, mais dans un des puits, un record a été battu avec 190 Bq/L dans le prélèvement du 4 juin, puis 200 Bq/L dans le celui du 18 juin. Pour la contamination bêta totale, la limite de détection affichée de 12 Bq/L est supérieure à la limite de rejet qui est de 5 Bq/L. On ne peut donc rien conclure.

Au pied des cuves, toujours en amont des réacteurs, la contamination en tritium est aussi systématique. Elle atteint 24 000 Bq/L dans le puits (prélèvement du 11 juin).

Au pied des réacteurs, l’eau est bien plus polluée et la situation ne s’améliore pas. Des records continuent à être battus régulièrement. Ainsi, dans le puits n°3, c’était 7 700 Bq/L en tritium dans le prélèvement du 27 mai 2015. Ce n’est pas la plus forte contamination : ce document fait apparaître des valeurs s’élevait jusqu’à 120 000 Bq/l pour le tritium et 660 000 Bq/L en bêta total. Il montre aussi un record de la contamination en césium-137 dans le puits 1-8 avec 570 Bq/L et dans l’eau de mer, au milieu du port, avec 270 Bq/L en tritium. Il y a aussi des records de la contamination bêta total de l’eau de mer, avant les barrières, allant jusqu’à 1 200 Bq/L. Rappelons que TEPCo se refuse de rejeter en mer une eau qui aura plus de 5 Bq/l en bêta total.

Quelques jours plus tard, c’est la contamination en tritium de l’eau de mer avant les barrières qui bat son propre record avec des valeurs allant de 1 200 à 3 200 Bq/L dans les prélèvements du 1er juin 2015.

Le fait que l’on trouve du tritium dans l’eau de mer est une signature sans équivoque que les fuites en mer continuent sans relâchement. En effet, le tritium ne s’accumule pas dans les sédiments et est dispersé rapidement. S’il est présent, c’est que cela fuit.

Dans le puits 2-8, situé au pied des réacteurs, c’est la contamination bêta totale qui a battu un record avec 6 400 Bq/L dans le prélèvement du 3 juin 2015. Ce même jour, un record est aussi battu pour le tritium avec 8 100 Bq/L dans un puits de pompage (ウェルポイント).

L’eau du port a aussi battu des records de contamination en bêta total, avec des valeurs allant de 16 à 24 Bq/L dans les prélèvements du 15 juin 2015 effectués à l’embouchure. Cette pollution atteint donc l’océan.

La mesure du strontium-90 est beaucoup plus longue à effectuer. Les données publiées en juin sont donc plus anciennes. Dans les prélèvements du 5 mai 2015, il y a eu deux records de la contamination de l’eau de mer avant la barrière avec 1 000 Bq/L. C’est plus que la contamination bêta totale affichée pour ces mêmes points qui est de 800 et 810 Bq/L. Comme le strontium est un émetteur bêta, ce n’est pas possible. Cela ne semble pas gêner TEPCo plus que cela…

La compagnie a aussi mis en ligne un document en anglais sur l’évolution de la contamination des ressources halieutiques. Si c’est traduit en anglais, c’est que cela s’améliore…

Selon un document interne, TEPCo connaissait le risque tsunami

Suite au tsunami de 2004 qui avait fait de nombreuses victimes en Asie du Sud-Est, les autorités avaient réévalué le risque au Japon et demandé aux exploitants du nucléaire de faire de même. TEPCo savait, en 2008, que le risque était sous-évalué à Fukushima. C’est déjà connu. La compagnie vient de rendre public le document, à la demande d’actionnaires qui ont porté plainte contre elle. On peut y lire qu’il est « indispensable de prendre des mesures pour faire face à un tsunami plus que ce qui est estimé actuellement ». La compagnie avait alors estimé à 15,7 m la hauteur de la vague qui pourrait frapper la centrale, en fonction de la révision du risque sismique par les autorités. Mais, cette estimation ne doit pas nécessairement impliquer « des mesures concrètes car il y a des différences d’opinion parmi les experts, sur comment estimer le risque sismique, » peut-on encore lire. Il ajoute ensuite qu’il n’est pas possible de nier les résultats des autorités et que la compagnie n’a pas d’autre choix que d’augmenter la hauteur maximale prise en compte dans l’établissement de mesures de protection.

Ce document a été distribué lors d’une réunion interne, le 10 septembre 2008 mais n’a jamais entraîné la moindre action de protection.