Centrale de Sendaï : plans d’évacuation insuffisants

C’est la centrale de Sendaï dans la province de Kagoshima qui est la mieux placée pour obtenir une autorisation de redémarrage. Mais des riverains s’inquiètent de ce que le plan d’évacuation en cas d’accident majeur n’est pas réaliste. Par exemple, à Ichikikushikino, situé à 5 km de la centrale, la moitié des 30 000 habitants ont signé une pétition contre le redémarrage parce que la route d’évacuation peut être inondée à marée haute, qu’un centre d’accueil est délabré et trop petit… 2 m2 par personne pour les 90 réfugiés prévus.
Une garderie pour enfants, avec généralement 60 petits, située à 13 km de la centrale, n’a pas de plan d’évacuation. Une des employées ne sait pas quoi faire en cas de catastrophe : doit-elle attendre les parents ou partir avec les enfants ?
Il y a 210 000 habitants dans un rayon de 30 km autour de la centrale.
La mairie d’Ichikikushikino va transmettre la pétition au gouverneur.
Voir le reportage de Reuters.

Records de la contamination

Records du jour de la contamination de l’eau : dans le puits de contrôle 3-2, il y a maintenant 3 200 Bq/L en tritium. Dans l’eau pompée entre les réacteurs 2 et 3, c’est 6 700 Bq/L. Et dans le puits de contrôle 2-8, c’est la contamination bêta total qui bat son record, avec 4 900 Bq/L (prélèvements du 25 juin 2014).
A titre de comparaison, TEPCo ne s’autorise pas à rejeter dans l’océan une eau qui contiendrait plus de 5 Bq/L en bêta total et 1 500 Bq/L en tritium.

Appel à économiser l’électricité pendant l’été

Le gouvernement a appelé la population à économiser l’électricité à partir du 1er juillet pour le premier été sans nucléaire depuis 40 ans. Tout le pays est concerné à l’exception d’Okinawa, entre 8h et 20h. C’est le quatrième été de suite où le gouvernement demande à la population de faire attention en ne climatisant pas trop, par exemple.
En cas de pannes sur plusieurs centrales thermiques, assez âgées, la situation pourrait être tendue. Autrement, le Japon devrait pouvoir passer l’été sans coupure de courant.

Pompage en amont : pas d’effet décelé

Il y a un mois, TEPCo a commencé à pomper l’eau souterraine en amont des réacteurs, à la stocker dans des cuves tampon, le temps de faire des contrôles de la contamination, et à la rejeter dans l’océan. Cela devait diminuer les infiltrations dans les sous-sols des réacteurs accidentés où l’eau se mélange à l’eau de refroidissement fortement contaminée. La compagnie aurait ainsi rejeté 8 600 m3 en mer. Mais aucun effet n’a été décelé dans le niveau d’eau souterraine qui monte à chaque pluie. TEPCo a donc affirmé qu’elle allait continuer à pomper et attendre patiemment les effets.

Augmentation des indemnisations

15 000 habitants de Namié, soit plus de 70% des résidents, avaient conjointement saisi la commission de conciliation pour réclamer une meilleure indemnisation suite à leur évacuation forcée. Après des négociations, la commission avait proposé une augmentation de 50 000 yens (360 euros) par mois et par personne. Les personnes âgées de plus de 75 ans devaient recevoir 30 000 yens (214 euros) supplémentaires par mois et par personne. Les plaignants, qui réclamaient plus, avaient accepté cette décision, mais TEPCo vient de la rejeter. Elle refuse d’indemniser mieux les victimes de la catastrophe nucléaire. Elle accepte juste de verser 20 000 yens de plus par mois et par personne aux résidents de Namié qui ont plus de 75 ans et qui ont été blessés ou sont tombés malades.
La compagnie verse chaque mois 100 000 yens (714 euros) à chacun des 80 000 habitants des zones où il est obligatoire d’évacuer. Donner plus aux habitants de Namié serait inique, selon TEPCo.

Dans son jugement, la commission avait pris en compte le fait que les habitants de Namié vivent actuellement dans une situation extrêmement instable et sans avenir. Mais TEPCo considère que ce statut précaire était déjà pris en compte dans l’indemnisation qu’elle verse actuellement et qu’elle n’a donc pas besoin de verser plus.

Les communes concernées par les évacuations forcées vont donc demander au gouvernement de revoir les règles d’indemnisation. Le rôle de la commission de conciliation est remis en question par cette décision unilatérale de TEPCo, alors que la compagnie s’était engagée à respecter ses décisions. TEPCo avait déjà refusé un jugement de la commission relatif à ses propres employés. C’est la première fois qu’elle refuse pour d’autres personnes.

AG des actionnaires

Comme tous les ans, des actionnaires demandent l’abandon de l’énergie nucléaire lors de l’assemblée générale des compagnies d’électricité. Mais c’est la première fois que c’était demandé pour les neuf compagnies simultanément. C’était même la première fois pour Hokuriku Electric Power Co.
Et comme tous les ans, cela a été rejeté car il faudrait obtenir les deux tiers des voix. Les banques, qui détiennent une forte part, votent toujours contre. Même l’arrêt définitif de la centrale de Fukushima daï-ni, qui a été inondée par le tsunami, a été rejeté par les actionnaires de TEPCo.

TEPCo veut pénétrer le marché européen de l’électricité via la Grande-Bretagne en se positionnant dans le stockage. Elle va installer des batteries de forte capacité pour acheter l’électricité quand elle est peu chère pour la revende quand elle est très chère. La compagnie pourrait ensuite s’installer dans d’autres pays européens, dont la France et l’Allemagne. Elle est soutenue par le ministère de l’industrie japonais.

Redémarrage d’ALPS

Dans un communiqué en anglais, TEPCo se félicite du redémarrage d’ALPS, la station de décontamination de l’eau, qui serait unique au monde et qui avait été arrêtée… pour maintenance et modernisation !
En parallèle, TEPCo travaille à l’amélioration de la station SARRY, qui n’enlève que le césium et le sel. Des essais sont menés par Kurion d’un côté et Toshiba de l’autre pour retirer aussi le strontium, qui est un contaminant majeur. Il est temps que TEPCo prenne sérieusement en compte le fait qu’ALPS, prévue pour retirer 62 éléments dont le strontium, ne pourrait pas fonctionner et qu’il faut trouver d’autres solutions, moins ambitieuses, mais qui rendraient l’eau stockée beaucoup moins toxique en cas de fuite.

Plusieurs records de la contamination

TEPCo a annoncé avoir mesuré 4 700 Bq/L dans l’eau souterraine à 25 m de profondeur d’un puits de contrôle situé près du réacteur n°1 (prélèvement du 4 juin). La pollution s’enfonce donc et trouve par là un autre chemin d’accès à l’océan. TEPCo a dit vouloir accélérer les travaux de barrière.
La NRA est venue pour inspecter les travaux de construction du mur gelé souterrain en amont des réacteurs. En aval, il s’agit seulement de test de mur de glace dans les galeries souterraines inondées. Tant que ce test n’est pas concluant, il n’est pas question de construire le mur partout a expliqué la NRA.

Autres records de contamination de l’eau :
–    deux records battus dans l’eau de mer prélevée entre le rivage et la barrière marine, avec des contaminations bêta total de 140 et 610 Bq/L (prélèvements du 23 juin 2014).
–    l’eau pompée en amont pour être rejetée dans l’océan vient de battre un nouveau record de contamination en tritium dans le puits n°12 : il y a maintenant 2 100 Bq/L (prélèvement du 23 juin 2014). Le prélèvement du 19 juin dans ce même puits a été contrôlé par un labo tiers : là où TEPCo trouvait 1 800 Bq/L, le labo tiers trouve 2 000 Bq/L. Les incertitudes ne sont jamais indiquées.
TEPCo ne communique pas sur l’effet de se pompage en amont. Fait-il baisser les infiltrations d’eau souterraine dans les sous-sols des réacteurs ? Si oui, de combien ? Ce silence n’est pas de bon augure.
A titre de comparaison, TEPCo ne s’autorise pas à rejeter dans l’océan une eau qui contiendrait plus de 5 Bq/L en bêta total. C’est 1 500 Bq/L pour le tritium. L’eau du puits n°12 est diluée avec celle des puits voisins avant rejet.